Les Livres De La Terre Fracturée – NK Jemisin

Je n’aime pas la fantasy. Je n’aime pas non plus lire tous les bouquins d’une série en un seul coup. C’est vrai quoi, quelle idée : autant faire durer le plaisir.

Cette base étant posée, voilà le premier avis que j’ose enfin poster seul sur ce fort sympathique groupe. Et ce sera sur la – je crois – célèbre trilogie des Livres de la Terre Fracturée, de N.K Jemisin.

De la Fantasy, donc. Que j’ai lu d’une traite : j’aime être cohérent avec moi-même.

« La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possédez le talent de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu’au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille. Vous allez les retrouver, et peu importe que le monde soit en train de partir en morceaux. »

Je ne vous ferai pas l’affront ici de vous citer l’intégralité des quatrièmes de couverture (c’est une trilogie, donc, le douzième de couverture.), au risque de vous spoiler l’intrigue. Ce serait dommage, parce que, pour faire court : cette trilogie est une énorme claque.

Un récit engageant

Ce qui déstabilise, au premier abord, c’est l’usage de la deuxième personne du pluriel. Limité aux chapitres concernant un personnage clé, cet usage en fait un livre dont VOUS êtes le héros. Rangez vos dés et votre stylo : VOUS subirez les événements sans pouvoir faire autre chose que les supporter, y survivre plus ou moins, comme l’héroïne en question. Outre l’aspect terriblement engageant, voire éprouvant, ce « vous » ouvre la porte à un « Je », que vous découvrirez petit à petit dans le récit.

De l’indicible

J’ai particulièrement été frappé par certains passages, indicibles, intolérables. Notamment un où j’ai dû poser trois fois le bouquin en répétant « mais c’est horrible !! », pendant 5 minutes. Une scène qui m’aura hanté plusieurs heures. (Je remercie au passage Océane Henry pour son support psychologique 😃). Ne vous imaginez pas des pages de détails horrifiques : non, vous découvrez l’horreur par les yeux incrédules du personnage, de proche en proche, pour qu’enfin (?) éclate la vérité crue de la scène qui se révèle à vous. Rarement écriture m’aura fait tel effet. Passé la sidération, c’est proprement brillant.

Une richesse folle

Outre ces passages terribles, les aventures que vivront les personnages vous feront aborder des thèmes très variés : je pense aux problématiques environnementales et énergétiques, assez évidentes. Je pense aussi aux problématiques sociétales : le rejet des minorités, leur souffrance induite, le poids des injustices… Mais aussi de thèmes plus intimes: Le deuil, l’amour, le polyamour, le rapport à la maternité… Tout cela sonne terriblement vrai et sincère: pour cause, l’autrice aura vécu elle-même des moments terribles dans sa vie, comme elle l’écrit dans les remerciements bouleversants du tome 3 : « Lorsqu’il s’y trouve de la souffrance, cette souffrance est réelle ; lorsqu’il s’y trouve de la colère, cette colère est réelle ; lorsqu’il s’y trouve de l’amour, cet amour est réel ».

En bref, c’est un récit puissant, terrifiant parfois, qui ne vous lâchera pas jusqu’à la dernière page. Nous ne sommes qu’en janvier, et c’est sans doute la plus grosse claque de l’année !

De quoi presque me redonner le goût de la fantasy. Presque : je lis de la SF moi, mesdames messieurs. Pas des trucs avec des orques, des elfes et des nains.

Oh…

Attendez…

Y a pas un nouveau Jaworski qui vient de sortir ?

Ce que j’ai aimé :

– L’écriture et la traduction. c’est propre, quelques effets de style bien sympathique

– c’est terriblement riche. Des sous-thèmes à foison… Le deuil, la maternité, l’amour, le polyamour, la résilience, la psychologie traumatique, l’environnement, l’énergie, j’en passe et des trouzaines)

– des répliques pouvant faire office de punchline de développement personnel, toujours bon à reprendre en repas de famille. Exemple: « Allons affronter l’avenir, pour le moins, et laissons le passé se débrouiller sans nous »

– l’histoire crue, absolument pas manichéenne (bien impossible, vu le contexte dans lequel les personnages évoluent)

– Quelques thèmes de SF traités (l’hypothèse Gaïa (Chantal de son prénom), des problématiques environnementales et énergétiques notamment…

Les petites déceptions :

– ça parle de tectonique, mais aucune scène de danse. Je suis très déçu.

– L’absence du concept de « zone orogène ». Y avait un potentiel laaaaaa !

– certains personnages ont tout de même un cœur de pierre.

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