Vers Mars – Mary Robinette Kowal

Mes ami.e.s, bien le bonjour.

Après un début d’année quelque peu mouvementé d’un point de vue professionnel, je reviens enfin à la vie pour poster ce qui sera mon premier avis1. De 2024, s’entend. Mais ça rime moins si je précise.

Allez, c’est parti, enfourchez vos Starship, vos SLS et autres Saturn V, ⁣2 car c’est ici de « Vers Mars », de Mary Robinette Kowal, dont nous allons parler.

Lu pour la catégorie #P2D5, Une couverture sur laquelle figurent au moins trois personnes, mais aurait pu couvrir des catégories comme #P1D4, #P3D4, #P4D2, #P5D5, #P7D4… ce ne sont pas les choix qui manquent !

📖 « Alors qu’une sonde robotisée se pose sur Mars, prélude à une première mission habitée vers la planète rouge, Elma York embarque à bord de la navette qui la ramènera sur Terre après une affectation de trois mois sur la Lune. Mais le retour ne se passe pas comme prévu : un groupe de terroristes appartenant au mouvement Earth First profite de l’atterrissage en catastrophe du vaisseau pour prendre l’ensemble des passagers en otage. Leurs revendications sont simples : l’arrêt de la conquête spatiale et la réaffectation du budget à la survie sur Terre. La Lady Astronaute parviendra-t-elle à leur faire entendre raison et, surtout, réalisera-t-elle son rêve : fouler, un jour, le sol martien ? Vers Mars forme avec Vers les étoiles un diptyque haletant, en prise directe avec le monde contemporain : le récit d’une lutte pour les droits des femmes et des minorités, et d’une conquête spatiale digne de L’étoffe des héros.« 

📖 Alors ça y est ! notre amie Elma3, rencontrée lors du premier opus qu’est « Vers les Étoiles » a enfin réussi à accéder au programme spatial mondial visant à proposer une alternative à une Humanité dont l’extinction est promise, si elle conserve sa seule implantation terrienne4. Mais ça n’est pas sans une certaine opposition sur terre, mais également parmi ses pairs et son encadrement.

📖 Car oui, Elma partage une particularité étonnement répandue dans la population, bien que parfois méconnue, invisibilisée, maltraitée et dévalorisée : C’est une Femme. La tuile5.

📖 Nous voilà donc embarqué.e.s dans cette bien sympathique histoire, qui va nous mener sur la Lune, dans l’espace nous en séparant, dans les bureaux de la Nasa, dans une Amérique dévastée, mais aussi, et surtout, dans l’espace exigu de deux vaisseaux spatiaux à destination de la boule rouge susnommée.

🏃 Paradoxalement, Vers Mars débute sur la Lune, que notre amie Elma s’apprête à quitter après une mission de quelques mois. À la suite d’une avarie lors de sa rentrée atmosphérique, sa capsule se voit déviée et atterrit hors de la zone prévue : si tout l’équipage garde la vie sauve, c’est pour mieux se faire attaquer par une bande de terroristes, dépeint.e.s comme tels, d’un mouvement appelé « Earth First ». Dépenser des milliards et abandonner 99,99% des humain.e.s6 à leur triste sort ? Est-ce bien là l’essence du programme spatial international ? L’autrice met ici en avant un problème éthique, et ne tranche pas, nous laissant réfléchir à cette épineuse question…

🚀 Une fois sortie de ce mauvais pas, et après bien des péripéties — dont un certain nombre liées à sa condition de femme, mais aussi d’égérie médiatique – Elma se voit nommée sur le premier programme spatial habité à destination de Mars. Un lancement, deux vaisseaux jumeaux redondants, deux équipages l’étant tout autant.

🪠 Mary Robinette Kowal prend alors un premier parti pris : celui de nous montrer l’aventure non pas sous l’angle de héros prêts à tout pour mener à bien une mission à haute technicité, mais plutôt sous l’angle de personnages normaux, confrontés à ce qui semble être une bien terrible aventure de promiscuité, de dangers et de problèmes du quotidien. Ici, on abordera les impacts psychologiques sur les astronautes isolée.e.s, l’amour et le sexe entre elleux, la maladie, la mort et sa gestion autant technique que son impact psychologique, ou, pire encore, les toilettes bouchées.7

📢 Deuxième parti pris de l’autrice, celui d’inscrire son récit dans les années 60 que nous avons connu8. Bien que l’impact de la météorite décrit dans « Vers les Étoiles » ait accéléré la course vers l’espace, il n’a pas fait beaucoup évoluer la société américaine : La place des femmes est toujours problématique, et même si on les embarque sur une mission spatiale, c’est pour l’image, mais aussi pour faire à manger, et laver les slips de ces messieurs9. Elma et ses collègues féminines devront se battre tout au long de leur récit pour gagner l’égalité qui aurait dû leur être garantie. Mary Robinette Kowal aborde aussi les questions raciales, d’abord à travers la dévalorisation que subissent les personnes de couleur, mais aussi, et surtout, via le regard d’un personnage sud-africain ô combien raciste, qui ne cessera les brimades, sous l’œil plus ou moins tolérant de son encadrement. Un bien beau sac à merde qu’on aurait aimé voir plus souffrir.

🤔 J’avoue comprendre, mais regretter un peu ce parti pris : même si je comprends tout à fait l’utilité de mettre en avant ces problématiques sociétales encore malheureusement d’actualité, j’aurais aimé explorer avec l’autrice les impacts positifs qu’auraient pu avoir ce programme spatial sur l’évolution des mentalités, avant l’heure. D’autant plus qu’à appuyer sur le trait, j’ai l’impression que l’on perd un peu la crédibilité de l’entreprise. Un équipage constitué de la sorte peut-il vraiment tenir trois ans dans une boite de conserve de luxe, sans en venir à s’entretuer ? je me permets d’en douter un peu…

🤨 Et puisque l’on est au chapitre des point que j’ai moins aimés, deux choses plutôt mineures, mais qui auront eu un effet sur ma perception. La première, ce sont les allusions sexuelles pas très subtiles que fait l’héroïne à propos de son mari : Alors certes, on comprendra la frustration de l’éloignement, mais lorsqu’ils sont ensemble, on abordera la question de la fusée prête à être lancée sur le pas de tir, de la navette prête à décoller et autres allusions. Ça va, merci, on a compris : une fusée, c’est phallique10, merci.

🧊 La deuxième chose est encore plus anecdotique, et vient ici de mon attachement peut être un peu trop présent à la chose scientifique11 : Non, un corps exposé au vide ne gèle pas instantanément : Sans air, pas de conduction de la chaleur, et donc une inertie thermique qui dure dans le temps. J’en conviens, ce n’est pas très grave, d’autant plus que c’est l’impact psychologique de la mort qui est important dans le récit, plus que ses aspects techniques. Maiiiiiis ça m’a mis un p’tit coup à ma suspension d’incrédulité.

🤩 Ne vous y trompez pas malgré tout : Même si mon avis n’est pas forcément des plus enthousiastes, « Vers Mars » reste un excellent roman, fort intéressant, très travaillé, et qui ravira celleux intéressé.e.s par les aspects sociaux, mais également par les passages « hard SF »12 de mécanique orbitale13. Et si l’on n’en est pas tout à fait convaincu.e, l’excellente postface de l’autrice permet encore de mieux comprendre l’ampleur de l’œuvre et du travail abattu.

🤩 C’est en tout cas avec un grand plaisir que je lirais « Sur la Lune » et les nouvelles « Lady Astronaut » de ce même cycle… Et que je vous encourage à faire de même 😉

🗒️ Notes de bas de page

  1. C’est marrant, ça. Ça rime, mais rend quand même tout pourri, niveau style. ↩︎
  2. Deux choix s’offrent à vous : lire « Saturne Vé », et ainsi respecter la rime, ou « Saturne 5 », et ainsi montrer que vous avez une once de culture. Falloir choisir. ↩︎
  3. Sans Louise. Triste. ↩︎
  4. Alors que dans le monde réel, on n’a même pas ce choix. Souriez, vous êtes foutu.e.s ! ↩︎
  5. La tuile thermique. Car oui, si elle se barre, eh bah ça fait boum. ↩︎
  6. Et de tout le reste, y compris des moustiques. ↩︎
  7. Oui alors, rigolez, mais je doute que vous aimeriez vous prendre la production de Jean-Maurice de la compta sur le nez, tout ça parce que la chasse a tout refoulé. ↩︎
  8. Enfin pas moi, précisément. Je suis vieux mais faut pas déconner. ↩︎
  9. Laver les slips, c’est surcoté. ↩︎
  10. Ma note précédente parlait de slips, ça serait beaucoup trop trivial de parler d’organes génitaux ici même. ↩︎
  11. Comprendre que je suis vraiment casse-c… non mais trois notes de suite en dessous de la ceinture, ça ne va pas être possible. ↩︎
  12. Ne fuyez pas : au pire, ça se lit assez rapidement en diagonale, si vous en avez peur. ↩︎
  13. ahaha j’ai dit bite. Eh merde. ↩︎

2 commentaires

  1. J’ai moins aimé cet opus; peut-être parce que j’ai adoré adoré adoré le premier tome, qui m’a surprise et bluffée. Mais comme tu le dis, ça reste un très bon bouquin. Il me reste Sur la Lune à lire.

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