Mes ami.e.s bonjour !
Retour sur un livre trouvé avec plaisir en bouquinerie, voici quelques semaines. Avec sa jolie couverture aux couleurs contrastées assez actuelles (mais avec un p’tit vert pas piqué des hannetons), voici mon retour sur l’Oiseau Moqueur, de Walter Tevis.

Résumé officiel
« Pas de questions, détends-toi. » C’est le nouveau mot d’ordre des humains, obsédés par leur confort et leur tranquillité d’esprit, déchargés de tout travail par les robots. Livres, films et sentiments sont interdits depuis des générations. Hommes et femmes se laissent vivre en ingurgitant les tranquillisants fournis par le gouvernement. Jusqu’au jour où un homme solitaire, Paul, apprend à lire grâce à un vieil enregistrement. Désorienté, il contacte le plus sophistiqué des robots jamais conçus : Spofforth, qui dirige le monde depuis l’université de New York. Spofforth se servira-t-il de cette découverte pour aider l’humanité ou la perdre définitivement ?
🤔 Mon avis
🤖 L’Oiseau Moqueur, paru initialement en 19801, est une dystopie aux apparences ma foi fort classiques, dans la lignée d’un 19842 ou d’un Farenheit 4513. Moins plombant que le premier, moins centré sur les livres que le second, il dépeint tout de même un monde ou l’Humain semble inféodé à la machine, sous la forme d’androïdes aux intelligences artificielles égales voir supérieures à celles des humains4, comme dans les robots d’Asimov.
🙍♂️ Nous y suivons les pérégrinations de Spofforth5, dernier androïde paraissant diriger ce monde, mais aussi Bob Bentley, un humain ayant redécouvert… La lecture6. Ce qui va lui permettre de découvrir l’histoire de l’humanité, de se poser des questions sur son passé, et de recouvrer peu à peu son statut d’humain libre.
📚 J’ai particulièrement apprécié l’exploration de ce monde proche de sa fin7 dans lequel subsistent de trop rares humains, sans aucun sens à leur vie, centrés sur eux-mêmes et leurs paradis artificiels distribués automatiquement par les machines autour d’elleux. On explorera également ce que pourrait donner, selon l’auteur, une automatisation à outrance du travail, à la régulation défaillante, via des explorations industrielles totalement absurdes. On ne s’ennuie pas, et l’on est régulièrement surpris, notamment par le dénouement8.
🤔 Hélas, j’ai plus de mal avec la morale et les axes pris par l’auteur pour décrire ce monde à la dérive, particulièrement par l’usage du concept d’introversion. Ici décriée comme perte totale du lien social, cette interprétation datée m’a quelque peu fait tiquer : je suis moi-même un introverti revendiqué, mais pas du tout asocial9… Peut-être ai-je mal compris le sous texte, ou l’intention de l’auteur. Mais j’ai eu le même sentiment avec le rôle des personnages féminins, glorifiées par la maternité, ou encore la vision du travail devenu obsolète : Ne deviendrions-nous que des drogués oisifs incultes10 ?
🤔 Une vision peu progressiste, qui là encore me laisse un goût légèrement amer. D’autant plus considérant les qualités indéniables du roman. À moins que cela reflète ma difficulté à me projeter dans le contexte des années 1980 ? Mystère !
Et je choisis de valider la catégorie #H1G4, un livre qui vous a fait vous sentir ennuyé, non parce que je me suis fait ch**r, mais parce que ces doutes sur le sous texte m’a vraiment embêté… Alors que le reste m’a beaucoup plu !
🗒️ Notes de bas de page
- À ça de l’année parfaite ! dommage. ↩︎
- Qui n’a pas été publié en 1984. Ne rigolez pas, il y en a qui le croient réellement. ↩︎
- Qui n’a pas été publié en 451. Là, vous pouvez rigoler et bien vous moquer le cas échéant. ↩︎
- En même temps, ce n’est pas bien dur, vu le nombre d’humain.e.s qui croient que c’était un salut romain. ↩︎
- S’il y a une signification cachée derrière ce nom, éclairez-moi. Sinon, je vois juste un nom chiant à écrire. ↩︎
- Le début des emmerdes, croyez-moi. ↩︎
- Ce qui ne devrait plus tarder ici non plus. ↩︎
- Mouais, encore que y’a un paquet d’indices partout. J’suis pas très malin. ↩︎
- Enfin, ça dépend lesquels. Disons que je suis un peu exigeant, et que je préfère les gens qui pensent comme moi. ↩︎
- Oui, je sais. Mais ne généralisons pas. ↩︎