Les Flibustiers de La Mer Chimique – Marguerite Imbert

Bonjour à toustes,

Qui n’a jamais rêvé pouvoir voguer librement au cœur de l’océan, au gré des marées et des courants, libres tel le goéland, suivant ses envies, poussé par le vent…

Ou, mieux: par un réacteur nucléaire à eau pressurisée.

Personne ? Ah ? Bon. Et bien laissez moi donc plutôt vous parler des « Flibustiers de la Mer Chimique », de Marguerite Imbert. (pour le défi, catégorie #M1C2, n’a pas écrit que de l’imaginaire)

📖 Le bouquin

📖 La catastrophe est arrivée. Malgré les rapports, les alertes, l’engagement des scientifiques et de tout un chacun, la catastrophe est arrivée. Le niveau des océans a monté, les terres émergées réduites à leur portion congrue, offrant un bien maigre abri aux espèces animales ayant pu s’adapter, et à une Humanité agonisante, payant le tribut d’une folie démiurge à laquelle elle n’aura su renoncer à temps.

📖 Bienvenue dans Waterworld, de Kevin Costner(1). Ah non pardon, j’mé trompé de fiche.

📖Peu importe, ce pitch pourrait bien correspondre à l’univers dans lequel se déroule « Les Flibustiers de la Mer Chimique ».

📖Le roman nous emmène suivre le chemin de deux personnages: l’un, Ismaël, est un naturaliste d’une puissante faction européenne réfugiée sur l’ancienne cité désormais maritime qu’est Rome, perdu sur un frèle « eskif »(2), à la merci d’une attaque de monstre marin; l’autre est la dernière « graffeuse » encore en vie, Alba, ultime dépositaire du savoir encyclopédique de ce qui reste de l’Humanité, seule capable d’en réaliser des fresques et de transmettre la connaissance, car disparus sont les livres.(3)

📖Ismaël se voit récupéré par l’équipage d’un sous marin « rebelle », le Player Killer, guidé par Johathan(4), un jeune adulte dans sa vingtaine, capitaine redouté tel un Barberousse(5) des temps modernes. Monnaie d’échange, ou mission d’infiltration ?…

📖 Alba est récupérée de force dans la grotte où elle se réfugie, seule, depuis la mort du reste de sa famille. Par ce même clan « Romain »: Quels sont leurs intentions ? pourquoi cette exfiltration, quel bénéfice tirer de cette personnalité détruite, rongée par la folie ?

📖 Vous le saurez en tournant les pages de ce très bon roman qu’est « Les Flibustiers de la Mer Chimique » ! ()6

😍 Mon avis

🥵 La première chose qui frappe(7) , dès les premiers chapitres, c’est l’ambiance: C’est brûlant, poisseux, violent, mais emprunt d’une liberté propre à une société effondrée et quasi inexistante: La comparaison est aisée avec Mad Max (voir Waterworld, pour le côté maritime 😉 ), mais finit par adopter sa propre identité. Et cela, nous le ressentirons jusqu’au bout, même lorsque l’environnement se fait parfois moins hostile.

🧱 Chose que j’apprécie également, cette capacité à construire petit à petit cet univers, sans nous jeter à la figure « tout ce qu’on doit comprendre la tout de suite ». Non, c’est amené petit bout par petit bout, par des échanges naturels entre les protagonistes. Alors certes, ca peut rendre les choses plus difficiles d’accès, mais au moins on a pas l’impression d’être pris pour un.e crétin décérébré.e. Un excellent divertissement qui n’a pas peur de la réflexion, en quelque sorte.

🤪 Revenons à l’une des personnages principales: Alba. Nous sommes prévenus dès le quatrième de couverture, Alba a assez mal vécu son isolement. Effectivement: elle est complètement allumée. Autant cela peut être drôle (des comportements inappropriés dans des situations protocolaires), autant elle peut apparaitre totalement antipathique: Comportements incohérents, voir dangereux pour elle même et son entourage, égoïsme exacerbé, violence incontrôlable… j’en passe et des pires. L’écriture est impressionnante de ce qu’elle arrive à rendre ! Chapeau 🙂

📚 Alba est un personnage avec un savoir encyclopédique, sur absolument n’importe quel sujet. Marguerite Imbert en profite alors pour nous caser des citations qui peuvent aller de Schwarzeneger (dans ses œuvres cinématographiques) à De Musset (le poète), en passant par des écrivains philosophes que je ne connaissais pas (Rilke ?), et j’avoue, c’est assez classe 😀 (Et on en revient au divertissement qui fait réflaichire.)

😈 Les autres personnages ne sont pas en reste: chacun couve des motivations cachées, manipule plus ou moins consciemment son environnement et ses pairs, et l’on est jamais à l’abri d’un retournage de veste. Avec peut être le défaut de n’avoir jamais vraiment confiance en nos personnages: avec comme effet de bord le fait qu’on s’attache finalement assez peu, ne sachant quel vil secret cache chacun d’entre elleux.

🫤 Autre point que j’ai moins aimé: l’aspect « scientifique » de la chose: J’en dirais assez peu, car ici, spoiler l’intrigue nuirait lourdement à votre plaisir de lecture. Ce qui m’embête, c’est que cela traite d’un sujet qui avait fait polémique il y’a quelques années, et qui a participé – selon moi – à décrédibiliser le discours scientifique et surtout sa communication auprès du grand public… Je crains que l’œuvre participe bien malgré elle à ce bien involontaire travail de sape, que je ne saurais trop déplorer, en bon passionné de vulgarisation 🙁

🚀 Maaaais remettons l’église au milieu du village(8): lorsque je lis un space opéra, je ne m’étonne pas que les vaisseaux spatiaux voyagent plus vite que la lumière… Dans « Science Fiction », il y’a surtout « Fiction ». D’autant plus que le roman apporte un peu d’originalité, et délivre un message d’humilité à ce que nous sommes toustes, de petites bestioles fragiles qui aimons faire les malin.e.s. Avant que ca nous pète à la gueule.

💦 Et un peu d’humilité, ca fait du bien ! (9)

❓Un dernier point, plus anecdotique pour moi: J’avoue ne pas avoir tout à fait compris la finalité d’un des arcs narratifs, et vous laisse volontairement dans le flou (Histoire de voir si celleux qui l’ont lu ont ressenti la même chose, et pour ne pas biaiser les autres). Certes, il aura permis de décrire un peu plus l’univers en question, mais participe assez peu du dénouement.

🤩 En résumé, j’ai passé un très bon moment: Certes, « Les Flibustiers de la Mer Chimique » rate de peu ma catégorie « coup de cœur », par cet attachement tout relatif aux personnages, et par ce côté « pseudo scientifique » qui m’aura un peu sorti de l’intrigue. Mais tout cela reste très personnel, et n’enlève rien aux qualités intrinsèques(10) du livre en question ^^

☢️ Sur ce, je file bricoler un peu mon récupérateur d’eau, ma cocotte minute et mon uranium enrichi: ca m’a filé quelques idées !

📖 Le résumé

Une folle odyssée sous des cieux aveuglants, sur des mers acides qui empruntent leurs couleurs à une délicieuse poignée de bonbons chimiques.
Tout commence par un naufrage. Ismaël, naturaliste de Rome, agonise sur un radeau de fortune quand il est repêché par le Player Killer, un sous-marin capable de naviguer dans les courants acides. Maintenant prisonnier des flibustiers de la mer chimique et de leur excentrique capitaine, Ismaël se demande comment réussir sa mission. Sur la terre ferme, la solitude n’a pas réussi à la graffeuse Alba – omnisciente ou presque. Bien qu’elle ait tendance à confondre les dates et les noms, elle est choisie pour incarner la mémoire des survivants. Dans une Rome assiégée par les flots toxiques de la Méditerranée, la jeune femme va apprendre à ses dépens que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.Et si, séparés par des milliers de kilomètres, ignorant tout l’un de l’autre, Ismaël et Alba cherchaient à percer la même énigme ?

🗒️ Les notes de bas de page, et je lâche l’affaire sur les excuses, vous savez à quoi vous attendre.

  1. Remarquez, dans les deux oeuvres il est question de recycler son urine pour la boire. Ne faites pas la gueule c’est naturel. ↩︎
  2. Marguerite Imbert expérimente effectivement quelques simplifications linguistiques fort bienvenues, tout à fait dans le thème de cet espace de liberté qu’est le post apo. Ne faites pas la gueule non plus, voulez vous. ↩︎
  3. Iaiamuss arrête tes bétises et rends nous les livres. Ca suffit maintenant. ↩︎
  4. Qu’est ce qui est vert et qui attend ? et bien c’est Jona… Ah merde, ca marche pas. ↩︎
  5. Qu’est ce qui est rousse et qui attend ? Et bah, c’est Barberousse ! ahah ! Comment ca « non  » ? ↩︎
  6. J’men vais vous écrire des bande annonces moi, ca va filer doux. ↩︎
  7. Outre mes mains sur ce clavier, bien évidemment… ↩︎
  8. Devrais-je dire le cimetière, dans un contexte post-apo ? ↩︎
  9. Sauf quand il fait trop chaud. C’est pas agréable, trop d’humilité dans l’air. ↩︎
  10. Un sous marin humide peut t’il être intrinsèque ? vous avez 4h. ↩︎

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