Le Programme Harlow – Aux Ordres – Louise Carey

Bonjour les ami.e.s !

📖 Après avoir découvert Mike Carey1 grâce à « celle qui avait tous les dons », que j’ai beaucoup apprécié, puis par Le Livre de Koli, que j’appréciai tout autant — mais dans un autre registre -, j’ai eu le plaisir, en 2023, de rencontrer Linda et Mike Carey à l’Atalante, pour la Cité de Soie et d’Acier. Qui ramasse pour la peine le label « coup de cœur de 2023 ». Livre auquel a participé Louise, leur fille, donnant corps au personnage fantastique qu’est Rem.

📖 Alors autant vous dire que je n’ai pas attendu beaucoup avant de mettre la main sur le premier livre de Louise Carey2, acquis promptement à sa sortie.

📖 Et ce livre, c’est Le Programme Harlow tome 1, sobrement dénommé : Aux ordres.

Livre que j’utilise pour marquer le défi 4/42, #P3D6, un.e personnage augmenté.e ou modifié.e. Peut convenir pour les catégories suivantes : #P1D3, un livre avec l’un des personnages principaux LGBTQI+, #P3D1, un livre qui explore les implications éthiques de la technologie, ou encore #P4D1, un livre qui fait une livre à 50g près (431, pour être précis).

🦩 Sous ses jolis atours très… mauves (hey ! tous les gouts sont dans la nature3 !), Le Programme Harlow nous emmène dans un thriller post-apo dystopique. Voilà qui me rappelle deux trois petites choses que j’ai lues dans la famille 😉

👩‍💼 Nous y suivons les aventures de Tanta, nouvelle recrue du service de renseignements de sa société, InTech. Dans une première mission ô combien catastrophique : Devant retrouver un disque dur volé, celle-ci tombe sur une agente secrète sur-entrainée. Son équipe se voit dramatiquement décimée, laissant notre chère Tanta bien dépourvue. Mais Tanta ne se laisse pas abattre4, et tentera quoiqu’il en coûte5 de rebondir sur cet échec pour regagner la confiance de sa hiérarchie.

🔫 Devant ce pitch très james-bondesque, se cache ce fameux univers dystopique qui va se révéler progressivement à nous. Car, voyez-vous, Tanta ne bosse pas simplement pour Total6. Non. Elle bosse pour une des corpos qui semblent s’être distribuées le territoire londonien, après un effondrement dont nous ne saurons pas grand-chose.

🥵 Jusque-là, tout va bien.

🧠 Bon alors pas tout à fait : Parce que ces corpos sont une belle saloperie : Et pas que dans le mensonge d’une guerre fratricide entre elles, à la 1984 d’Orwell7⁣ : Ici, on va plus loin8, et on s’amuse bien avec les neurotechnologies, et les diverses manipulations qu’on pourrait en craindre9.

🤑 C’est donc la passionnante toile de fond de cette aventure : Un monde cauchemardesque piloté par la performance et le profit, par le don de l’individu à sa famille, que dis-je, son entreprise, car c’est précisément le cas, pour Tanta.

👩‍💼 Louise Carey10 parait s’amuser à dépeindre un monde qu’elle semble connaître un peu trop : Discours « corporate », management « bienveillant » 11 à base de feedbacks positifs, et de reproches passifs agressifs… Seule compte la bonne parole professée par une direction nébuleuse bien pratique pour justifier du pire12.

💻 On sourit, parfois, à voir le parallèle avec notre monde du travail. Surtout lorsque comme moi, c’est celui de l’informatique que l’on côtoie : On parlera ici de sécurité informatique, de faille 0-day, de code propriétaire… De quoi asseoir la crédibilité dudit univers 🙂

🌐 Oh, et puis on ne s’arrêtera pas en si bon chemin : Lorsque l’on dispose de neurotechnologies de pointe, pourquoi ne pas les utiliser pour parfaire l’esprit d’appartenance à la grande famille, ou encore, bien plus cynique encore, pour transformer les humains de ce monde en simples machines algorithmiques organiques13, qualifiées uniquement par le rapport coût/gain individualisé à l’extrême ? Pourquoi soigner un ouvrier au rapport tout juste positif, quand le cout de l’euthanasie et du remplacement sont négligeables ?

🔫 Mais Louise Carey14 ne se contente pas de construire un univers : elle y inscrit un thriller plutôt malin, assez cinématographique par son rythme, ses images, ou ses scènes d’action, ou l’on doutera jusqu’au dernier paragraphe de la probité de chacun.e. Instrument d’une machine trop bien huilée ? Vil.e calculateur.ice visant à défendre ses intérêts personnels, quitte à écraser visages et figures ? Et pour qui, pour quoi, finalement ?

🤩 On aurait pu craindre un premier roman assez plat, visant uniquement à poser un univers, sans vraiment d’enjeu ni d’intrigue à proprement parler : Il n’en est rien. Et même si l’on peut, en cherchant bien, trouver le style un peu simple, un peu « scolaire », on l’oublie bien vite tant on est pris dans cette histoire qui file bien vite, notamment dans sa seconde partie.

🤩 Un excellent moment, donc, dont j’ai hâte de lire la suite 🙂 (j’ose croire que l’Atalante a acheté toute la série, tout de même :D…)

📖 Le Résumé

Attention : en franchissant cette porte, vous quittez la zone d’InTech. Un règlement communautaire différent peut s’appliquer, et la signature d’un accord de licence utilisateur distinct peut être exigée. Souhaitez-vous poursuivre ?

Tanta s’est entraînée toute sa vie pour cette première mission : diriger son équipe hors des frontières de sa corpo, InTech, afin de récupérer un disque dur volé. Rien de compliqué, sur le papier. L’attaque-surprise qui tue deux de ses collaborateurs lui prouve rapidement le contraire.

Déterminée à regagner l’estime de ses supérieurs, Tanta se lance à corps perdu dans la traque de son assaillant et des données qu’elle n’a pu récupérer lors de son échec. Son zèle la poussera à creuser là où il ne faut pas…

Aux ordres emprunte à la dystopie d’Hunger Games de Suzanne Collins et au cyberpunk du Neuromancien de William Gibson.

🗒️ Notes de bas de page que si y en n’a pas vous vous plaignez, si y’en a trop, pareil, franchement, vous êtes pénibles.

  1. Aucun lien avec la chanteuse. ↩︎
  2. Aucun lien avec l’acteur ↩︎
  3. ou, « Tous les égouts s’en vont dans la nature ». ↩︎
  4. Au sens propre. ↩︎
  5. C’est festival de références politiques, cet avis. Ça me fatigue déjà. ↩︎
  6. Bien que ce doit être comparable niveau barbouzerie. Et en plus ça sonne bien. (Tanta, Total… bref). ↩︎
  7. Il m’apparait nécessaire de le préciser. Tout le monde ne cite pas ce bouquin dès qu’on parle de dystopie, naaaaan. ↩︎
  8. « Ici, on va plus loin ». Non, vraiment, j’aurais dû me lancer dans le marketing. Si seulement je n’avais aucune valeur ni conscience… ↩︎
  9. Coucou Elon Musk ! ↩︎
  10. Aucun lien avec l’acteur américain, né le 16 janvier 1878 à New York et mort le 21 septembre 1947 à Brentwood, en Californie. ↩︎
  11. Authentique, on dit maintenant. ↩︎
  12. Ou du meilleur, si vous êtes encarté.e au Medef. Ou si vous êtes Elon Musk. ↩︎
  13. J’aurais pu dire « robot », oui. J’aurais pu. ↩︎
  14. Aucun lien avec Mike Car…. ah si, merde. ↩︎

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