Dons – Chroniques des Rivages de l’Ouest – Ursula K. Le Guin

Bien le bonjour les ami.e.s,

🥂 À l’occasion d’une des soirées de l’Atalante, j’ai eu le plaisir de discuter avec Yann Olivier, éditeur de ladite maison. Outre une discussion philosophique-littéraire sur le Beau et le Goût selon Kant, que je pourrais vous résumer ici par… Euh… que je ne pourrais pas vous résumer, nous en venons à discuter d’Ursula K. Le Guin, dont le style poétique n’est que finalement peu servi par ses traductions « historiques ».

🪶 Or, me dit le Grand Monsieur1 ci-joint, c’est justement le parti pris de l’éditeur pour la traduction des « Chroniques des Rivages de l’Ouest » : Celle de travailler sur cette poésie, pour lui rendre toute sa place. Mission confiée à l’inénarrable Mikael Cabon (Connu notamment pour son travail avec John Scalzi, mais pas que…). Et puis oh ! heureux hasard ! le tout récemment réédité, mis en valeur par le talentueux Shahzeb Khan Raza2 !

💰 Bon, et bah, je suis reparti avec.

📖 Le bouquin, pas l’illustrateur.

Résumé officiel

« C’est une mystérieuse expérience que de se priver de la vue, mais je m’y astreignis. Plus je maudissais mon bandeau et plus je redoutais de le soulever. Il me sauvait de l’horreur de toute destruction involontaire. Tant que je le portais, je ne tuerais pas ceux que j’aimais. S’il m’était impossible d’apprendre à user de mon don, je pouvais au moins apprendre à ne pas m’en servir. »

Dans les collines des Entre-Terres vit un peuple de sorciers capables de miracles. D’un mot, d’un geste, ils allument un foyer, convoquent un animal, guérissent une blessure. Mais ils savent aussi mutiler, corrompre, asservir et tuer. Isolées dans leurs domaines, les familles de ces contrées vivent dans la crainte les unes des autres…

Dons est l’histoire d’Orrec ; son héritage est le pouvoir de détruire. Quelle place trouvera-t-il dans ce monde cruel sans laisser sa naissance en décider pour lui ?

Doté du style poétique de la grande Ursula K. Le Guin, Dons est le premier volume de « Chronique des rivages de l’Ouest ». Dans chaque roman, un personnage se confronte à la tension entre la liberté et le pouvoir. Parfois, être libre, c’est abandonner.

Mon avis

🎤 Dons, c’est l’histoire d’Orrec, jeune adulte empli de mélancolie3, conté par lui-même à un voyageur curieux. Porteur d’un Don de destruction, lui permettant de détruire et de tuer par la vue et la volonté, hérité par son père et ses grands-pères avant lui.

⚔️ De Don, il s’agira ici plutôt d’une malédiction : Un poids non désiré, qui fait de lui l’arme de dissuasion d’un monde médiéval où ces dons font office de prétexte à un système féodal. Chaque territoire se voit dirigé par celleux qui portent ces « dons » : Alliances, mariages, tensions et batailles, c’est la vie d’Orrec, et de Gry, son amie porteuse d’un don bien moins belliqueux.

👨‍🌾 Point de batailles épiques, de campagnes militaires où l’on abandonne femmes et enfants à leur sort pendant que ces messieurs vont se mettre sur la poire et s’étriper joyeusement au nom d’un idéal patriarcal fantasmé4 : il n’est ici jamais glorifié. Orrec nous parle d’abord de subsistance, de travail, de moissons et de chevaux. Le monde offre de quoi vivre, et tout un chacun.e y connait sa place et sa charge, loin des canons consuméristes et capitalistes dans lesquels nous baignons5.

🥴 Et puis de sa terrible quête d’identité, où il doit trouver sa place, malgré ce rôle d’arme dont il ne veut pas, accompagné de sa comparse Gry6, dépositaire, elle aussi, d’un don transmis par sa mère.

🪶 Et dans tout ça, la poésie7 ? N’ayant pas les bases nécessaires pour juger de la qualité d’une traduction (… déjà, ne lisant pas en VO8…), je me suis trouvé bien plus embarqué par la beauté de l’univers dépeint ici. La lecture est fluide, l’écriture est belle. Un monde que l’on aimerait découvrir, si seulement on pouvait y déambuler librement9.

💖 ET CETTE COUVERTURE10. Je ne saurai encore une fois rendre suffisamment hommage à l’illustrateur, qui nous sert ici une couverture magnifique, baignée de bleu profond, d’une lumière parfaitement dosée et d’une ambiance vaporeuse, mettant en valeur une ferme aux accents médiévaux nichée dans son écrin montagnard… Et ce personnage mystérieux avançant au milieu de ces hautes herbes luminescentes aux accents étrangement fantastiques. Putain, c’est beau.

😍 Une parenthèse fascinante par le voyage qu’elle nous propose, toute empreinte de mélancolie, non dénué de poésie et riche d’une lecture politique bien présente : Ursula Le Guin11 nous offre une fois encore un premier tome d’une trilogie dont on ne saurait dire autre chose que : Vivement la suite !

Et je valide la catégorie #H7G3 – Un livre d’un.e auteurice mort.e (snif) du défi lecture 2025 des mordus de SFFF.

🗒️ Notes de bas de page

  1. Qu’est-ce que tu veux, quand tu fais 1m69 tout le monde t’apparait comme grand. ↩︎
  2. My favourite illustrator working with l’Atalante. ↩︎
  3. En même temps Orrec c’est quand même pas très joli comme prénom. Ça n’encourage pas à la joie de vivre. Comme Elon, Bruno, Christelle ou Donald. Ah quoique Donald… Non, pas Donald non. ↩︎
  4. Non mais sinon j’aime vraiment bien Jaworski tout de même ! ↩︎
  5. Je suis tombé hier sur une vidéo qui en parle, sur la chaine Youtube d’Arte, alors forcément j’vais caser ça partout pendant trois semaines. ↩︎
  6. Ses parents ont probablement voulu rendre hommage au ciel de Nantes. ↩︎
  7. Bordel de merde ? ↩︎
  8. Sauf en VO Française, forcément, mais souvent, elle est mieux traduite. ↩︎
  9. Étonnement, j’aimerais bien pouvoir me barrer dans des mondes imaginaires. Pas vous ? Quelqu’un a du LSD sinon ? ↩︎
  10. OUI JE GUEULE SI JE VEUX. ↩︎
  11. Dont personne en France n’arrive à prononcer correctement le nom. Dites-moi comment vous faites, en commentaire. ↩︎

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