Car les temps changent – Dominique Douay

Mes ami.e.s, Bonjour.

Une maison d’éditions qui ferme, c’est moche, et c’est vraiment triste. Bien vils lecteurices que nous sommes, c’est l’occasion malgré tout de nous presser pour découvrir des livres dont la future présence dans l’étagère de nos librairies préférées semble compromise.

C’est dans le contexte de la chute des éditions ActuSF1234, l’été dernier, que j’acquerrai le bouquin dont je vais vous conter ma lecture, ici même : « Car Les Temps Changent« , de Dominique Douay5, paru chez Hélios/Les Moutons Electriques en 2014.

Lu (5/42) pour la catégorie #P2D2, un livre moche (Couverture et/ou contenu) qui semble être la seule catégorie éligible pour ce roman… Enfin, pour moi 😀

🤨 J’ai été quelque peu séduit par ce pitch quelque peu énigmatique, voyez-vous. Une fois par an, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, arrive le Changement. Tout change: les identités de chacun, les professions, les statuts sociaux… Le riche peut devenir pauvre, le pauvre peut devenir riche, tout change.

🔄️Tiens donc ! une exploration SF d’un principe étonnant, celui d’une redistribution totale des rôles, promettant, je le pensais alors, d’explorer les conséquences de cette idée via une expérience de pensée des plus singulières.6

🤨 J’avais peut-être un peu trop d’attentes.

🦁 Nous voilà donc embarqués dans l’histoire de notre jeune ami, « Léo le Lion », un jeune homme d’une trentaine d’années, accoudé à un bar, attendant désespérément de recevoir le dernier coup de fil de l’année : celui de son amoureuse, dont il attend des nouvelles. Car oui, ce soir, c’est Changement, et demain, il se réveillera dans la peau de quelqu’un.e d’autre, sans souvenirs de sa vie actuelle, mais avec les souvenirs propres au rôle qu’il endossera alors.

📺 Évoluant dans ce dernier jour de 1963, où l’on attend avec impatience le discours télévisé7 du Général, notre ami Léo parvient à retrouver son amoureuse. Qui lui propose alors d’aller chez elle, en espérant ainsi se réveiller demain à ses côtés, peut-être… Mais notre ami Léo ne saurait se soustraire à ce changement institutionnalisé ! il refuse et… la plaque. Comme une merde.

💦 Non sans avoir pratiqué leur petite affaire dans les tréfonds d’une ruelle sombre. Parce que pourquoi pas.8

👩‍👧‍👦 C’est donc le cœur léger et avec la petite culotte de feu sa dulcinée dans la poche9 que Léo retourne dans ses pénates retrouver… Bobonne qui s’occupe des chiards. Non sans croiser une énième demoiselle éplorée, désespérée de n’avoir pu trouver l’amour durant cette année !

💦 Elle l’implore alors de… pratiquer une petite affaire dans les tréfonds d’une ruelle sombre. Parce que pourquoi pas.10

❓ À ce moment du récit, deux choix : Soit abandonner ce bouquin décidément beaucoup trop orienté petites affaires dans les ruelles sombres versus bobonne à la maison, soit persister, parce que bon, ça finira peut-être par se rattraper cette misogynie ambiante d’ici à quelques pages ?11

🌆 Après quelques recherches sur Babelio12, j’ai donc opté pour la seconde solution. Et cru un temps avoir pris la bonne décision ! Car pour notre ami Léo, tout ne se passe évidemment pas comme prévu : Le changement échoue, et il se retrouve à errer sans but dans un Paris qui, petit à petit, s’avère peut-être ne pas en être un, dans une France qui n’en est peut-être pas une gouvernée par un Général qui n’en est peut-être pas un. Déchéance qui l’amènera dans les bas fonds, au contact des plus démunis. Pour peut-être comprendre et renverser un système pas si égalitaire ni juste qu’il parait être. Le tout dans un monde qui se découvre habilement à travers les yeux de notre personnage, comprenant au même rythme que nous la face cachée de son monde. En nous rappelant parfois l’excellent film Dark City d’Alex Proyas13.

🙄 Hélas, chassez le naturiste, il revient dans son bungalow : Notre ami Léo tombe bien vite dans ses vicissitudes, et lorsqu’il croise des personnages féminins, c’est toujours cette même rengaine : Emmerdeuse pleurnicheuse, ou désespérée prête à tout parce que les femmes-sont-comme-ça14, ou en bobonne ingérable qui n’existe que pour sa marmaille (… qui n’en est peut-être pas une).

😡 Dans ce bal des peut-être, nous sommes en tout cas bien vite confronté.e.s à cet amer constat : Lorsqu’on écrit un roman qui s’appelle « Car les temps changent », il serait bon de s’être rendu compte que c’est effectivement le cas. Ça pourrait éviter de gâcher un bon récit potentiel avec cette vision d’une époque que nous aimerions révolue.15

Le Résumé

Une fois par an, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, arrive le Changement. Tout change: les identités de chacun, les professions, les statuts sociaux… Le riche peut devenir pauvre, le pauvre peut devenir riche, tout change. Un an seulement pour vivre cette vie-là, avant le prochain Changement: cette fois, l’année était 1963, quelle sera la prochaine? Paris est une gigantesque spirale à étages et la réalité n’a plus rien de solide.

Les notes de bas de page

  1. « Mais ce n’est même pas ActuSF ! », me direz-vous. Oui, c’est vrai. Mais c’est Hélios, éditions « Poche » auxquelles participent les Moutons Electriques, Mnémos, et ActuSF. Et on s’inquiétait ! ↩︎
  2. « Mais ils ont redémarré, ActuSF ! » me direz-vous. Oui, certes, mais ce sont désormais « Les Nouvelles Editions ActuSF ». ce n’est pas tout à fait pareil ! ↩︎
  3. « Mais ça n’est… » OH EH, vous avez fini de m’interrompre ? On peut avancer ???…. Ok, merci. ↩︎
  4. « Mais on n’avait rien d… » Vous la fermez maintenant. Je ne veux pas savoir. ↩︎
  5. Auteur et journaliste que je ne connaissais pas, et qui a visiblement beaucoup contribué à la SF française des années 70/80. ↩︎
  6. Oui oui, je pensais cela, en ces mots précisément. Je me fatigue. ↩︎
  7. La téloche, comme disent les jeunes de 1962. ↩︎
  8. Quel meilleur endroit, après tout… ↩︎
  9. Avec un bonbon à la menthe qu’il finira par manger. Erk. On espère que madame n’a pas eu une journée trop désespérante. ↩︎
  10. C’est bien connu. Les femmes désespérées veulent toutes du sexe. D’autant plus qu’elles sont habillées court. ↩︎
  11. Je vis encore l’abandon d’un livre comme un échec. Et vous ? Vous le vivez comment ? ↩︎
  12. Attendez, j’ai des sources. Je fais un travail sérieux et documenté ! ↩︎
  13. Qui aura réalisé quelques pépites, notamment The Crow, ou encore l’excellent… argh…. glbrbbbr… I-Robot, excusez-moi rghrrr, je crois que je suis en train de m’étouffer en écrivant ces derniers mots. ↩︎
  14. Particulièrement celles habillées pas assez court. ↩︎
  15. Si vous dites « non », je sais à peu près quel profil vous avez 😀 ↩︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *