A Travers Temps – Robert Charles Wilson

Les ami.e.s, bien le bonjour.

Il n’y a pas si longtemps (allez, deux ans), je lisais exclusivement de la SF. Et Robert Charles Wilson faisait partie de mes auteurs favoris1: Intrigues relativement originales, personnages assez travaillés, thématiques plutôt légères. Depuis, j’ai quelque peu élargi mes horizons, et laissé évoluer mes goûts: Notamment au niveau du style, où, disons le, je m’en tapais royalement.

Alors lorsque j’ai vu surgir devant moi, en bouquinerie, une œuvre du dit auteur canadien que je n’avais pas dans ma collection, je m’suis dit, en ces termes: « ah bah tiens ah bah alors ca c’est wouh ! alors bah ! je !? mais alors dis donc, quand même ! » 2

Alors, cette lecture a-t-elle été une révélation ? Un choc ? Une réminiscence bienvenue ? Ou un flop digne des plus grands souvenirs déçus de notre enfance désormais révolue ?

Lecture dans le cadre du défi des mordus de sfff, catégorie #M5C1 : Le titre doit le contenir le mot “temps” ou le mot “espace”)

📖 Le Bouquin

📖 Petit bouquin « one shot » de 400 pages, A Travers Temps ne le perds pas, son temps. Car à peine les premières lignes passées que déjà nous voilà embarqué.e.s dans les aventures fifolles de Ben Collier, amateur de jardinage de la toute fin des années 70.

📖 Pas moyen de planter ses patates tranquilles, vlà t’y pas qu’un mauvais bougre mordoré débarque de la cave pour dézinguer le bon Benny avec un coup de fusil laser bien placé3. Avant d’abandonner le corps dans la forêt jouxtant la propriété.

📖 Nous voilà dix ans plus tard. La maison abandonnée est toujours étonnement parfaitement entretenue, mais comme l’ami Collier ne daigne pas réapparaitre4, on la vend à un trentenaire de retour au pays: Monsieur Tom Winter5. Notre ami vient de se faire larguer, et ne trouve rien de mieux à faire que revenir dans le bled où ses parents sont morts 15 ans plus tôt, pour rejoindre son fort condescendant de frère qui a réussi sa vie, LUI. En vendant des bagnoles.6

📖 Mais chose étrange, l’ami Tommy se rend compte qu’il a beau vivre comme un sagouin de célibataire7, la maison est toujours nickel ! la vaisselle est même faite. c’est fou ca alors ! La baraque est autonettoyante !

📖 Alors à un moment, il se demande: Madame serait-elle revenue en douce pour s’occuper de son Homme comme une honnête femme au foyer ?8 Ou serait-ce plutôt le fait de ces étranges insectes métalliques qui apparaissent comme par magie sur la caméra de surveillance intelligemment disposée dans la cuisine, la nuit, quand l’ami Winter roupille en ronflant comme tous ces connards de célibataires ?

📖 « Attendez… mais… c’est quoi ce tunnel dans la cave ? », s’étonne-t-il en fouillant la maison. « Et pourquoi n’y a-t-il aucun Vendéen9 en train de prendre l’apéro dedans alors qu’il est 2h/7h/11h/14h/16h/18h/23h ? » (ne rayez aucune mention, aucune n’est inutile).

📖 Et c’est ainsi que l’ami Winter commence à crapahuter, et, ce faisant10, donner tout le sens au titre du bouquin.

Mon Avis

🤩 J’avais besoin d’une lecture assez simple, plutôt légère, et j’y espérais du dynamisme, du mystère, et du voyage dans le temps. Et bien, j’en ai eu pour mon compte, voir même un peu plus !

🙋 Car l’ami Wilson a une petite particularité que j’apprécie toujours autant: Il part de personnages assez classiques, avec une vie assez ordinaire, avec lesquels il est assez rapide de développer une certaine empathie, voir un certain attachement. Et quoi de mieux, pour aider à déclencher le sense of wonder, que le fait de se dire que ca pourrait peut être nous arriver, nous aussi ?11

🧑‍🤝‍🧑Robert Charles Wilson est souvent qualifié « d’écrivain humaniste »12. Et effectivement, là encore, il s’en tire à bon compte: Le bouquin a beau être écrit en 1991, les connards machistes dont dépeints comme tel (et pas du tout glorifiés comme on peut le voir ailleurs). On y retrouve aussi quelques réactions typiques de l’époque, et des années 60, vis à vis de l’homosexualité ou des questions raciales: Mais Robert Charles Wilson les identifie déjà comme problématiques, ce qui en fait, finalement, un récit assez actuel.

🌍 Niveau thématiques, la SF infuse dans les peurs de son époque: Ici, nous sommes en plein dans la crise de la couche d’ozone, dont on parle plusieurs fois dans le bouquin. Mais l’ami Robert ne s’y limite pas, et on trouve déjà quelques références aux changements climatiques auxquels nous sommes bien plus confrontés maintenant qu’il y’a trente ans: Et ce via un personnage féminin, l’ex de notre ami Winter, activiste écologiste de son état. Encore une fois, un sentiment d’actualité se dégage de ce texte de 1991.

🕰️ Le bémol, selon moi, concerne plutôt les aspects « théoriques » du voyage dans le temps: Les plus exigeant.e.s d’entre vous y verront paradoxes et autres incohérences inhérentes au voyage temporel. Elles ne sont pas totalement éludées, non, mais je les trouve assez peu considérées, voir parfois assez planquées sous le tapis. Quid du chaos engendré par n’importe quelle intervention ? quid de l’univers bloc, ou du multivers ?… Il faut faire preuve d’une certaine suspension d’incrédulité pour ne pas sortir du récit. J’aurais aimé des choses un peu plus carrées, je l’avoue 🙂

📝 Un dernier mot sur le style, que j’évoquais en introduction: Je n’ai ici rien à redire: Certes, c’est simple, et l’on est pas sur des envolées lyriques ou poétiques marquantes: Ce n’était pas forcément ce que je cherchais ici. Et je ne suis toujours pas assez calé pour avoir un avis sur la traduction, mais là encore rien ne m’a choqué, et je garde toujours un excellent à priori sur le boulot de Gilles Goullet (que je remercie pour nous avoir permis de lire ce texte 🙂 )

🤩 Pour conclure, si ce livre ne m’a pas autant marqué que la trilogie Spin du dit auteur, et, de fait, si je ne l’inscris pas dans la catégorie de mes coups de cœur, j’ai passé un excellent moment, et vous encourage à le lire, vous aussi, si ce genre d’œuvre vous sied, bien évidemment 🙂

😵‍💫 Et si vous n’êtes pas totalement bourrés d’avoir passé un peu trop de temps à la cave.

📖 Le Résumé

Tout juste licencié, largué par Barbara, sa compagne, Tom Winter sombre dans la dépression et l’alcool. Aidé par son frère, il décide de revenir dans sa ville natale, Belltower, où il acquiert une maison banale et loin de tout. Elle a autrefois appartenu à un certain Ben Collier qui a mystérieusement disparu, dix ans plus tôt. Mais Tom sent que cette maison pourrait lui permettre de prendre un nouveau départ. Ce qu’il ignore, c’est que Collier était en fait un voyageur temporel ; il a été assassiné dans le jardin où il faisait des plantations et son corps a été caché dans la forêt voisine.

📝 Les Notes de Bas de Page

  1. Oui, auteurs. Je lisais très peu d’autrices, à l’époque, sans même m’en apercevoir… Triste. ↩︎
  2. Notez que je n’avais pas tort. ↩︎
  3. Ce sacré Ben Collier. Toujours dans les mauvais… dans les mauvais cous ! ↩︎
  4. Et que tout le monde s’en carre. Pas foutu.e.s de fouiller la forêt… Emile Louis aurait aimé cet univers. Nous, beaucoup moins. ↩︎
  5. Winter is coming. Je suis pas fier de celle-ci mais avouez que vous m’en auriez voulu si je ne l’avais pas faite. Si si, je vous connais. ↩︎
  6. « La bagnole, moi, je l’adore », aurait t’il déclaré pendant son entretien d’embauche, damant ainsi le pion à un autre bien triste personnage quelques décennies plus tard. ↩︎
  7. Satanés célibataires. Insupportables. Et toujours à vous donner des leçons. ↩︎
  8. On est en 1989, dans le récit. Une année qu’on ne regrettera pas beaucoup, finalement. ↩︎
  9. Les Vendéennes, elles, sont traditionnellement à l’étage en train de préparer un plat de mogettes. ↩︎
  10. Pas l’oiseau, hein. Sinon c’est chiant y’a un chasseur (vendéen) qui court derrière. ↩︎
  11. Le fait d’être Vendéen: voyez, moi, je m’en suis à peu près sorti malgré tout ! (non.) ↩︎
  12. Alors celle là je suis pas allé la chercher bien loin: c’est écrit sur le quatrième de couverture… ↩︎

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