Mes chers ami.e.s, bonjour.
Il y a quelques semaines de cela, au détour d’un réseau social quelconque1, je découvrais, non sans stupeur, la sélection du prix Utopiales de l’année. Me disais-je alors deux choses :
- Petit a : « Ah bah merde, j’ai oublié de postuler cette année, c’est malin. Comment veux-tu. »
- Petit b : « Oh ! Mais c’est que j’en ai lu pas mal ! et qu’en plus, j’en ai un en PAL ! »2
Ni une, ni douze, je m’attachai alors à lire les deux bouquins que je n’avais pas encore explorés, dans l’idée de faire mon prix Utopiales 2024 à moi. Parce que pourquoi pas.
Je vous propose donc de commencer par revenir sur chacun d’entre eux, pour ensuite, peut-être, vous donner mes pronostics pour le vrai prix Utopiales 2024, et mon résultat à moi.
Le Programme Harlow, Aux Ordres – Louise Carey
Lu en tout début d’année, à sa sortie, ma rencontre avec Le Programme Harlow de Louise Carey fut une réussite, comme je l’expliquai alors dans mon retour. Ce thriller post-apo dystopique3 teinté de critique envers l’esprit corporate et le management machin point zéro aura réussi à me happer du début à la fin. Et ce, grâce notamment aux machinations, aux manipulations et autre retournement de vestes dignes des plus grands romans et films d’espionnage.4
Un premier roman qui aura su m’accrocher direct, et que j’aurais dévoré sans bouder mon plaisir. Que j’aurais d’ailleurs retrouvé lors de la lecture du deuxième tome.
Ça pourrait gagner parce que : c’est un premier roman pour cette autrice, et qu’il est brillamment exécuté.
Ça pourrait ne pas gagner parce que : son style m’apparaissait alors assez fonctionnel, mais peu marquant.
Sweet Harmony – Claire North
Lu en avril dernier, entre deux romans un peu plus costauds, l’UHL de Claire North Sweet Harmony m’aura également beaucoup plu. Alors certes, ça ne révolutionne pas le genre (d’aucun.e.s diraient qu’on dirait du black mirror5, à raison), mais l’on apprécie suivre ce personnage principal, certes parfois antipathique, mais totalement prisonnier du modèle sociétal dans lequel elle évolue.
Et l’on tremble d’imaginer ce que pourrait devenir une société où le transhumanisme s’allie aux réseaux sociaux et à toute la machine économique pour faire de nous… Des connard.e.s tout juste bons à tenter de payer leurs factures, quitte à abandonner notre humanité.
Encore un très joli coup du Bélial, qui, il n’y a pas à dire, sait sélectionner et mettre en valeur ces fameux textes courts qui viennent ponctuer nos lectures.
Ça pourrait gagner parce que : C’est vraiment bien exécuté ! On aime détester Harmony, et inversement.
Ça pourrait ne pas gagner parce que : J’ai l’impression que ça n’apporte pas spécialement grand-chose au paysage de la SF…
La Maison des Soleils – Alastair Reynolds
Lu cet été, quelques mois après l’UHL « La Millième nuit » qui m’aura déjà totalement conquis, La Maison des Soleils fait partie de ces quelques romans de Hard-SF6 qui restent accrochés à mon cœur, et auxquels j’aime faire référence (Après Vision Aveugle7, et L’Œuf du Dragon8)
Quel plaisir que de suivre les aventures de Purslane et Campion9, et de découvrir dans quelle folie de la démesure une humanité débarrassée de ses démons climatiques pourrait tomber, si on lui laisse l’éternité10. Et lorsque que l’on commence à trouver ses marques dans cet univers incroyable, l’on est encore une fois totalement subjugué de sa petitesse face aux échelles fractales pensées par l’auteur. Plus de détails dans le retour que j’ai rédigé à l’occasion.
Ça pourrait gagner parce que : c’est grandiose, vertigineux, incroyable. De la SF teintée Hard-SF, mais qui n’oublie pas ses personnages et son histoire.
Ça pourrait ne pas gagner parce que : Ça plaira moins facilement à un Jury plus éclectique et pas forcément spécialisé SF.
Code Ardant – Marge Nantel
Lu à la fin d’été11, Code Ardant a été une de mes plus marquantes lectures de ma période. Un monde certes post-apocalyptique, mais pas dénué d’Humanité et d’Espoir. L’humanité a connu moults catastrophes, qui auront drastiquement réduit la population12, mais tout n’est pas perdu pour autant : La remise à plat sociétale entraine certes l’émergence de pratiques dégueulasses (Ces Ardants, mi-jouet sexuel mi-esclave et *re* mi-mentat derrière), mais aussi une remise à zéro des codes de l’amitié et de l’amour.
Le tout dans un monde qui ne semble peut-être pas si inhabitable que ça, Humains que nous sommes. Plus de détails dans l’avis que vous pouvez trouver quelque part sur mon blog…
Ça pourrait gagner parce que : c’est original, autant dans l’univers que dans le style utilisé.
Ça pourrait ne pas gagner parce que : j’ai un peu moins aimé la fin. Mais ça reste vraiment un voyage formidable, avec des personnages qui le sont tout autant.
L’Ost Céleste – Olivier Paquet
Tout récemment sorti, tout aussi récemment lu (semaine dernière, précisément), L’Ost Céleste est un roman riche par son style et ses thématiques. L’auteur nous fait vivre une relation épistolaire où le code caché vient alimenter les manigances d’une jeune reine et d’un vieux banquier, tous deux dépositaires d’un héritage qui les écrase, sous le joug d’une puissance religieuse et militaire prête à dévaster le monde pour imposer son modèle spirituel13.
De cette fantasy presque historique (type renaissance italienne) nait finalement un roman passionnant à mi-chemin entre la SF et la Fantasy, digne d’un cycle de Hain14 d’Ursula Le Guin, où le space opera apportera sa contribution détonante.
Ça pourrait gagner parce que : les thématiques approchées sont riches et intéressantes, et le style est à la mesure de l’ambition.
Ça pourrait ne pas gagner parce que : Vu ce qu’il y a en face, je ne sais pas si L’Ost Céleste réussira à se détacher du lot…
Mon classement
Ouah… Alors vu que j’ai tout aimé, ça n’est pas chose facile. Mais j’arrive tout de même à me faire une idée, que voilà :
- En 5 : Claire North avec Sweet Harmony. Un récit que j’ai aimé, mais qui, je trouve, n’apporte rien de très nouveau.
- En 4 : Le Programme Harlow (Aux Ordres) de Louise Carey. Et ça me déchire un peu mon petit cœur, parce que j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre… Mais il faut parfois choisir
- En 3 : L’Ost Céleste, d’Olivier Paquet. Sans conteste, un bouquin qui m’aura beaucoup plu, et qui m’aura embarqué dans un ailleurs ma foi fort bienvenue. Mais hélas, je crains que les compétiteurices soient de taille.
- En 2 : Code Ardant de Marge Nantel. J’hésite énormément avec la première place, mais je laisse parler mon p’tit cœur. Parce qu’en face, il y a un de mes coups de cœurs de l’année…
Et je déclare vainqueur de mon prix Utopiales 2024 à moi :
Hum… je n’ai jamais réellement compris comment on pouvait ménager le suspens dans ce genre de situations. Surtout à l’écrit. Parce que voyez-vous, là, vous me lisez, mais je sais très bien que vous avez déjà deviné.
Et c’est pour son univers aux proportions immenses, que même l’immensité elle-même n’est que peu de choses, finalement… D’autant plus considérant les échelles de temps manipulées.
C’est également pour ses personnages, Purslane et Campion, mais aussi et surtout les autres formes de vie dont il est question (… et je ne spoilerai pas…)
C’est également pour ses petites insertions très « Fantasy » de ce Palais Virtuel dans lequel nos personnages à l’initiative de la lignée Gentiane se perdent et se déchirent…
Que je ne saurai faire autrement, que déclarer La Maison des Soleils, d’Alastair Reynolds, lauréat de mon prix Utopiales 2024 à bibi.
Je laisse donc Le Bélial me contacter pour faire apparaitre un bandeau rouge sur le bouquin en question. Allllezzzz soyez chics !!
Et pour le vrai prix Utopiales, alors ?
Hmmm… Je pense que c’est plutôt Code Ardant, de Marge Nantel, qui pourrait prétendre au titre. Parce que je l’imagine plus compatible avec un jury varié, et parce que, disons-le : C’est quand même un sacré bouquin qui mériterait une belle exposition, autant pour son autrice que pour sa maison d’édition.
D’autant qu’Alastair Reynolds, lui, possède déjà une bonne assise dans le milieu. Mais ça me ferait plaisir également pour Le Bélial, maison d’édition que j’aime beaucoup.
On verra si je me trompe, ou pas… (et si je me trompe, ça pourrait aussi me faire très plaisir, parce que l’Atalante <3)…
📖 Notes de bas de page
- so banal, de nos jours. ↩︎
- Rimer, c’est important. Ça me maintient en forme, chaque jour. ↩︎
- stopique. ↩︎
- Ou des plus jolies vestes techniques alliant à la fois le confort, la praticité, et un certain goût du style, malgré tout. ↩︎
- La comparaison la plus surcotée du monde. ↩︎
- Ouais, j’appelle ça hard SF si je veux, merde. ↩︎
- reparu il y a maintenant quelque temps au Bélial ↩︎
- Pas du tout au Bélial. Puisque c’est chez Mnémos. ↩︎
- Dans le futur, on a quelque peu des goûts de merde pour les prénoms. ↩︎
- et au-delà. ↩︎
- Mais pas sur la plage. ↩︎
- Comme au boulot, on préfère les petites équipes, de toute manière. ↩︎
- Elle est pas mal cette phrase, hein. C’est que je m’éclate, parfois. ↩︎
- Ou Dheux. ↩︎