Bonjour à toustes !
Ah, la tradition. Lorsqu’elle n’est pas issue de temps immémoriaux auxquels peu d’entre nous ont eu accès, ou d’un marqueur culturel autant subi que choisi, elle émerge parfois simplement de notre volonté, et de la récurrence ce celle-ci, pour peu qu’elle soit suivie d’un passage à l’action.1
Il en est ainsi, pour moi, des bouquins de John Scalzi. Et j’aime à appliquer ce principe, que dis-je, ce mantra : Il n’est de nouveau Scalzi que je n’achète à sa sortie2 !
C’est donc en précommande que j’acquerrai ce nouvel opus : « Superméchant Débutant ». Et c’est non sans trépigner que je me rendis à la librairie, quelques jours après sa sortie. Rendez-vous compte : un Scalzi, des chats et des dauphins !
Je valide avec ce livre la catégorie #P7D1 – Un livre que vous pourriez offrir à l’un de vos parents3, mais j’eusse pu tout aussi bien valider #P3D3 – Un livre positif / qui fait du bien / une utopie (parce que c’est drôle, et que ça fait du bien 😉 ), ou encore #P4D6 — un livre humoristique ou satirique (lisez la suite pour le côté satirique).
📖 Dans la foulée de son achat, je n’attendais point pour commencer ma lecture : Je ne tiens pas de statistique de temps passé en PAL, mais je crois pouvoir dire que les bouquins de Scalzi n’y trainent pas beaucoup.
📖 « Superméchant débutant », c’est l’histoire d’un trentenaire4 récemment séparé, Charlie, qui végète, comme le dit si bien le quatrième de couverture, entre un boulot alimentaire de pion et une maison de famille qu’il a récupérée de son père décédé, au grand dam de ses demi-sœurs et demi-frères. Le tout accompagné d’Héra, une jeune chatte trouvée par hasard — du moins, le croit-il — au fond du jardin.
📖 Notre ami Charlie, ancien journaliste économique sur le carreau5, découvre avec une certaine surprise que son oncle richissime vient de décéder. Oncle qu’il n’a plus revu depuis son enfance : Une sombre histoire d’embrouille avec feu son père, lors de l’enterrement de sa mère.
📖 Que de funérailles et de décès, me direz-vous : Et vous aurez raison. Car à la demande d’une étrange associée de feu son oncle, Charlie doit accompagner son oncle lors de son dernier voyage. Telle est la condition pour toucher un héritage qui permettrait à Charlie de sortir de la galère financière dans laquelle il se trouve.
📖 Mais les funérailles ne se déroulent pas tout à fait comme prévu : Après quelques scènes ubuesques à mourir de rire, notre ami Charlie se voit contraint de prendre la fuite — avec son chat — vers une île volcanique nimbée de mystères… et d’une base secrète nichée au fond d’un cratère.
🤣 Entrons direct dans le vif du sujet : « Superméchant Débutant » est à mourir de rire6. Dès les premières lignes, où l’auteur prend un malin plaisir à nous prendre à contrepied : Comme on aura pu le voir dans RedShirts ou dans La Controverse de Zara XXIII. Mais pas que : Nombre de scènes déclenchent le rire, par autant par les situations qu’elles dépeignent que par les dialogues acérés : Que ce soit au funérarium, dans les diverses planques que Charlie devra utiliser, ou encore dans des scènes dignes des meilleures parodies de film d’espionnage.
🕵️ Et l’ami John ne se prive pas de parodier, allant même parfois vers la satyre7 : Lorsqu’il n’égratigne pas le mythe des méchants « à la James Bond » (des losers avec trop de pognon), il s’attaque aux multinationales et leur éthique de façade8, ou encore à la startup nation9, pour notre plus grand plaisir… Et peut-être un peu le syndicalisme… Mais j’en reparle plus loin 🙂
😹 Et puis, la couverture nous promet du félin, de la mignonitude. Eh bien là encore, nous sommes servi.e.s. Attention cependant, vous risquez bien de porter un regard différent sur votre chat.te: car les chats ici ne sont pas que nos (in)fidèles10 compagnon.ne.s : c’est plutôt elleux les patron.ne.s ^^ Et l’on rira encore à gorge déployée de découvrir des chat.te.s espion.ne.s ou propriétaires terriens, capables d’interagir avec les humains grâce aux technologies. On y trouvera d’ailleurs le pendant SF de ladite œuvre : Sans cela, on aurait pu considérer le livre comme une comédie d’espionnage fort réussie, mais pas spécialement SF.11
🐬Et puis, comme si ça ne suffisait pas, il faut saluer12 les seconds rôles que constitue le syndicat des dauphins, la Confédération Générale des Cétacés13. On saluera au passage la traduction de Mikael Cabon tant l’appellation ancre cette parodie dans le réel ^^ On se réjouit de chacune de leurs apparitions, on s’en languit parfois : Mais la rareté de ces dites apparition n’a d’égale que leur efficacité comique.
🔫 Utilisant avec brio chacun de ces éléments, John Scalzi construit une intrigue drôle, efficace, rythmée. Et même si on peut « voir venir » pas mal de petites choses, j’ai été surpris par quelques tournures et par le dénouement fort habile, au même titre que les personnages embarqués dans cette histoire.
🤔 S’il fallait que je trouve une critique, ce serait celle-ci14 : : C’est un peu court. Et l’on se surprendra à compter avec effroi le nombre de pages restantes (quoi ! C’est tout ??) après les avoir dévorées sans voir le temps passer. Et de regretter que cet excellent moment soit déjà terminé… Mais après tout, est-ce que ça n’est pas préférable à quelque chose qui traine en longueur ?
😍 En tout cas, ce bouquin reste un excellent opus de John Scalzi, et le fanboy que je suis ne saurai l’écarter de la catégorie des coups de cœurs. Si vous voulez lire des choses intelligentes, drôles, légères et qui mettent de bonne humeur, nul doute qu’il devrait vous plaire 😉 Sinon… lisez le quand même, et offrez-le à droite à gauche15. Histoire d’encourager l’auteur à nous en écrire plein d’autres 😉
📖 Résumé officiel
« Nous proposons un service de destruction de satellites ?
— Nous avons une clientèle privilégiée, qui, en échange d’une contribution annuelle, obtient la possibilité de se servir de notre outil pour imposer des difficultés logistiques à ses concurrents. Dans l’espace.
— C’est donc un “oui”.
— C’est un “nous gagnons beaucoup d’argent en proposant un service dont personne ne se sert.” Notre clientèle ne nous paie pas pour anéantir des satellites. Elle nous paie pour avoir la satisfaction de savoir qu’elle pourrait les anéantir si elle le voulait. »
Une nouvelle inattendue vient ébranler le quotidien de Charlie, qui végète entre son pub préféré de la banlieue de Chicago, son divorce et un boulot alimentaire : son oncle Jake, magnat de l’industrie du stationnement, est mort en faisant de lui son héritier.
Est-ce la fin des ennuis ? Loin de là ! Point de parking dans son héritage, mais une base secrète au fond d’un volcan, sur une île paradisiaque où se trament les pires machinations. Charlie ne s’attendait pas à ça en se rendant chez le notaire, encore moins à des négociations syndicales avec des dauphins augmentés…
🗒️ Notes de bas de page
- Ah bordel, je crois que j’ai bouffé un.e philosophe à midi. ↩︎
- Ouais, sachant que c’est que le deuxième pour lequel je fais ça 😹 ↩︎
- Ou prêter à votre sœur, pour ma part. ↩︎
- Je dis « un », mais après coup, je me demande si le genre de Charlie est bien défini ? ↩︎
- C’est une expression. Je doute qu’il existe du journalisme économique spécialisé carrelage. ↩︎
- De rire, hein. Après avoir parlé de funérailles juste avant, ne vous méprenez pas, vous ne risquez rien. Enfin sauf s’il vous tombe sur le nez. Encore que j’ai survécu à pire. Coucou Josépha ! ↩︎
- À balles réelles. ↩︎
- « Multinationales » et « éthique » dans la même phrase. Fallait oser ! ↩︎
- Rien que le nom est une blague. ↩︎
- Soyons honnêtes avec nous-mêmes. D’ailleurs, vous voyez ce chat sur la photo ? C’est pas le mien. ↩︎
- C’est plus que de la SF, comme dirait quelqu’un avec une veste chatoyante. ↩︎
- Et remercier pour le poisson. ↩︎
- en VO: The Cetacean Association of the Americas, Chapter One. Alors certes, c’était peut être pas le plus compliqué à traduire, mais ça marche sacrément bien dans nos contrées ! ↩︎
- Outre le fait que je ne touche pas de royalties pour l’illustration de couverture. C’est vrai, quoi, copier mon chat… (qui n’est toujours pas le mien) ↩︎
- Peut-être plus à gauche. ↩︎
Bien un titre que je me réjouis de découvrir !
Très jolie chronique en tous cas, et très joli pas-ton-chat aussi !
Merci 😘 je transmets au chat ! Ça lui fera plaisir.
Enfin moins qu’une croquette qui traine.
Mais c’est déjà ça.