Bonjour à toustes,
Fin avril, j’ai eu la chance de pouvoir assister à une rencontre avec Guy Gavriel Kay organisée par la librairie l’Atalante. Or, je n’avais encore lu aucun titre de l’auteur. Je m’en remettais donc au conseil de Mathieu (ledit libraire), qui m’orientait alors vers les Lions D’Al Rassan (dudit auteur, suivez, un peu).
Un texte pas tout jeune, donc (1995 !) mais qui, selon mon libraire, est caractéristique du travail de l’auteur. Eh bien, c’est parti !

📖 Résumé officiel
L’empire d’Al-Rassan a fait de ses conquérants asharites, venus des sables du désert, un peuple d’artistes et de savants ; l’assassinat du dernier calife a entraîné son éclatement en cités-États rivales. Seul peut-être le roi Almalik de Cartada saura lui rendre sa puissance et son unité, avec le soutien du légendaire Ammar ibn Khairan, poète, diplomate et soldat.
Car une autre menace pèse sur l’Al-Rassan, celle des royaumes jaddites du nord de la péninsule, divisés, certes, mais avides de reconquérir le pays dont ils s’estiment dépossédés. Rodrigo Belmonte est le plus prestigieux de leurs chefs de guerre.
C’est dans l’exquise cité de Ragosa que se rencontreront Ammar et Rodrigo, pour un temps exilés au service du même monarque. Entre eux, la figure exceptionnelle de Jehane bet Ishake, fille du peuple Kindath et brillant médecin.
Fantasy épique, roman d’aventures humaines et politiques à l’échelle d’un monde, ce livre porte l’œuvre romanesque de l’auteur au plus haut de sa quête ambitieuse.
🤩 Mon Avis
⚔️ Les Lions d’Al Rassan conte les aventures médiévales de trois personnages1 au sein d’une contrée imaginaire s’inspirant de l’Espagne à l’époque de la Reconquista. Ça n’est pas moi qui le dit, c’est l’éditeur2, car, voyez-vous, je suis tout nul en histoire. Enfin disons que j’ai tout oublié ! Bon, rassurez-vous, si vous aussi, vous êtes nul.le en histoire, cela ne gêne en rien la lecture du livre en question. Au contraire…
🩺 Nous y suivons principalement Ammar, poète et homme de main du sud de la péninsule, Rodrigo, chef de guerre du nord de la péninsule et Jehanne, brillante médecine d’une ethnie minoritaire qu’on tolère parfois, qu’on persécute souvent3.
🗺️ Même en étant une bille en histoire4, j’avoue m’être bien amusé à faire le parallèle avec mes rares connaissances de la zone et de l’époque : C’est plaisant, d’autant plus que l’éditeur a pris soin de placer une carte très lisible et parfaitement détaillée : Je ne compte pas le nombre de fois où je m’y suis référé.
🧠 L’histoire contée, bien que longue et complexe, ne m’a jamais perdu : Et même s’il m’a fallu occasionnellement du temps pour comprendre les intentions des personnages5, j’ai ressenti la satisfaction d’un récit dans lequel tout se connecte parfaitement et de manière cohérente. Alors oui, c’est un pavé, et oui, il y a des longueurs, mais que voulez-vous, il en faut, des lignes, pour caser tout ce joli boulot6.
☯️ Les personnages sont également intéressants. Pas de manichéisme ici : Si Ammar et Rodrigo sont des hommes d’honneur, ils assassinent, mutilent et ourdissent de bien vils complots lorsqu’ils le jugent nécessaire7. Jehanne, elle, restera plus droite dans ses convictions et actions. Il en est ainsi des personnages féminins, dans cet univers, et l’on se plait à les voir évoluer en toute connaissance de cause et en toute possession de leurs moyens : Notamment dans un chapitre absolument génial mettant en scène Miranda l’épouse de Rodrigo, devant faire face à une attaque d’un bien vil adversaire doté des pires intentions. Ou encore lorsque l’on suit l’épouse fort dévote d’un des rois du nord, qui laissera peu à peu son intégrisme religieux devant les plaisirs8, certes, mais surtout les enjeux politiques auxquels elle sera confrontée à titre individuel.
🫥 Hélas, sur la fin du récit, les rôles féminins s’effacent9 pour laisser la place aux enjeux guerriers confrontant nos deux autres personnages principaux. C’est un de mes principaux regrets : de n’avoir pas plus développé cette bien belle base, qui l’est d’autant plus considérant l’époque d’écriture du roman10.
🪓 Autre regret, concernant les personnages : Le traitement des Muwardis, ethnie imaginaire que l’on peut mettre en parallèle avec les Arabes nord-africains. Pour le coup, ils ne sont absolument pas développés, malgré leur rôle dans l’intrigue : Ils sont dépeints comme de vils intégristes capables de couper les langues et les mains au moindre écart de comportement : Pas très subtil.
🤩 Mais lorsque l’on met de côté ces quelques longueurs, et ces quelques réserves sur le traitement de certains personnages, on reste devant une œuvre dense, parfaitement réalisée, cohérente, et qui nous emporte avec elle dans son époque fort mouvementée. Fresque de plusieurs vies, le roman se conclut brillamment, et l’on sort heureux d’avoir suivi toutes ces péripéties, laissant nos personnages à des vies plus calmes et sereines11. Une bien belle lecture, donc, pour qui veut se donner le temps de s’y plonger.
Lu pour la catégorie #H3G6 – Un livre de SFFF Historique.
🗒️ Notes de bas de page
- Oui bon, un peu plus, mais déjà que cet avis est trop long, hein. ↩︎
- C’est d’ailleurs un gros copier-coller de ses grands morts. ↩︎
- Car l’Humain est ainsi fait qu’il a toujours besoin
des vendéensdes plus faibles pour taper dessus. ↩︎ - Jean-Yves, si tu passes par là, pas taper pas taper. ↩︎
- J’comprend vite mais il faut m’expliquer longtemps. ↩︎
- Je parle du livre, pas de mon avis, hein. ↩︎
- Soit à peu près tout le temps. De vrais connards, en fait. ↩︎
- Ouais, y’a un peu de cul, vite fait. Mais plusieurs fois. ↩︎
- Par pitié, pas de triangle amoureux, s’il te plait, s’il te plait, s’il te plait… Eh merde. ↩︎
- Epoque sexiste, homophobe, mais très colorée grâce à ses kway. ↩︎
- Enfin, pour celleux qui sont pas mort.e.s. ↩︎