Le Serment de Langrebrume – Josépha Juillet

Mes ami.e.s bonjour !

🌬️ Lorsqu’au crépuscule de 2023, j’appris au détour de nos discussions endiablées que notre amie Josépha — alors autrice auto-éditée — avait signé chez un éditeur alors secret, mon sang ne fit qu’un tour1 : il me fallait obtenir ladite œuvre. Découvrant enfin le nom de la maison suscitée, je m’empressais donc de commander « Le Serment de Langrebrume », donc, auprès de la maison d’édition Hurlevent.

📫 Quelques semaines plus tard, quel ne fut pas mon plaisir de découvrir l’œuvre en question dans ma boite aux lettres2, et d’être interloqué par ma première impression, que je formulerai en ces termes : « bah bordel, c’est qu’il est vachement beau quand même ce foutu bouquin, ouais ».

📚 Hélas, les vicissitudes des lecteurices que nous sommes m’amenèrent alors à garder le dit précieux fièrement exposé au sein d’une pile à lire grandissante : Mais qu’à cela ne tienne ! je profitai d’une Lecture Commune organisée par une illustre comparse pour enfin l’en sortir.

✅ Alors, quelques jours après ma lecture, qu’en dire ? Le Serment de Langrebrume tient-il ses promesses3 ? Eh bien, pour faire court, je dirais que oui, oui ! Et de bien belle manière.

Lu dans le cadre du défi des mordus 2024, pour la catégorie… Rha je sais pas choisir ! c’est qu’il peut en couvrir un sacré paquet, aussi ! ce pourrait être pour #P2D3 – Un livre avec des plantes (ou partie de plantes) sur la couverture, #P3D5 – Un livre où la magie/technologie est interdite ou mal vue, #P5D4 – Le prénom et nom de l’auteurice ont le même nombre de lettres, #P7D1 – Un livre que vous pourriez offrir à l’un de vos parents, #P7D3 – Un livre qui vous donne envie d’y faire du tourisme ou encore #P7D6 – Un livre où la nature joue un rôle central… Allez disons que je choisis le #P5D4 !

🌳 Langrebrume ? Mais qu’est-ce que c’est4 ? Eh bien, c’est une forêt nimbée de magie, lieu de légendes et de contes disposé au milieu d’un territoire imaginaire médiéval. Nous y suivons initialement Alix, jeune fille au sortir de l’adolescence, promise à un mariage forcé par ses parents et grands-parents qui lui mènent la vie dure5. Sélène, jeune femme mariée à Guillerme6, châtelaine aux penchants artistiques certains, dont l’époux occupe le poste de capitaine de la garde du domaine. Et Samson7, enfin, jeune homme disposant d’un pouvoir magique étrange, accueilli dans un coven au sein de la forêt. Lui et ses comparses apprennent à faire usage de leurs pouvoirs pour faire le bien, se nourrissant des pouvoirs magiques de la forêt et de cette nature foisonnante et ô combien… vivante8.

⚔️ Hélas, un conflit naissant dans les territoires alentours commence à perturber l’équilibre fragile de cet écosystème magique et merveilleux… Entrainant nos trois protagonistes dans une valse avec dame nature dont chacun.e ressortira profondément transformé…

📙 Bon, commençons par le plus matérialiste des points de vue : Mais quel bien bel objet !! On frôle ici la perfection : une belle couverture rigide, une tranche qui s’inspire des classiques de nos vieilles bibliothèques tout en amenant une touche de modernité via la simplicité de ses formes : Et puis une couverture agréable au toucher, un papier agréable et épais, une police de caractères moderne et claire, des entêtes de chapitre finement illustrés : n’en jetez plus. D’autant plus que j’ai eu la chance d’avoir la version en précommande, avec une très jolie carte et un marque-page assorti… Rassurez-vous, on ne tombe pas ici dans la surenchère pour autant : Hurlevent se garde bien de rajouter dorure et jaspage ostentatoire9 : nous ne sommes pas dans le clinquant, juste… dans la grande classe ! bien joué !

📖 Mais un livre, si beau soit l’objet, ne saurait exister sans son contenu10. Au détour des premières pages, déjà un étonnement : Des chapitres forts courts ! Utilisant à tour de rôles le point de vue de nos trois protagonistes, ils installent très rapidement un rythme, certes rapide, mais régulier. J’avoue avoir eu alors un peu peur : j’aime plutôt les chapitres d’une bonne longueur (mais sans excès !), me donnant, le pensais-je, le temps nécessaire à l’immersion dans l’univers. Force est de constater que le Serment de Langrebrume commence par mettre à plat une bien malheureuse certitude : Ce rythme ne perturbe en rien l’ambiance, bien au contraire : on revient rapidement sur les aventures de notre protagoniste, et l’on n’a que peu le temps d’en oublier là où iel en est.

🌳 L’ambiance, me direz-vous ? Eh bien, elle est parfaite. Bien servie par un style fort sympathique, nous sommes tout de suite plongés dans le mystère de cette forêt, omniprésente, parfois bienveillante, parfois malaisante : Et lorsque Sélène part marcher sur les bords d’un lac aux berges enneigées, nous sommes avec elle, embarqué.e.s dans cette balade glaciale, aux sources d’un drame annoncé. Et quand c’est Alix qui se perd dans cette forêt tel un chaperon rouge des temps modernes11, l’on tremble avec elle de cette brume maléfique envahissant un bois déjà sombre…

👩‍👧‍👦 Le Serment de Langrebrume, ce n’est pas qu’une nature magique, sombre et sauvage. Ce sont aussi des personnages particulièrement bien construits, attachants, loin des tropes et des clichés habituels. Certes, l’on retrouvera la jeunesse fougueuse d’Alix, en quête de liberté, l’impertinence de Sélène, en avance sur son temps, ou le très torturé Samson, dont la puissance n’égale que le tourment. Mais iels ne sont pas limité.e.s à ces simples définitions : On prendra plaisir à les voir casser les codes et les frontières qui leur sont imposées, pour le meilleur, parfois pour le pire. Mais point de manichéisme basique : Lorsque nos personnages se détournent de leurs valeurs pour lorgner vers le côté sombre12, on se surprend à les comprendre, sans forcément les approuver. Et l’on pleurera avec eux des terribles épreuves qu’iels devront surmonter.

🙆‍♂️ Un mot pour les personnages « secondaires », si on peut les qualifier ainsi : Il en est un que l’on aimera adorer, il s’agit de Guillerme, le mari de Sélène. Et l’on s’éloigne encore une fois de plus des clichés. Mari attribué de Sélène, il ne sera pas celui qui tentera de la brider, de l’enfermer dans un rapport de domination, non. Et même lorsque Sélène se trouve embarquée dans des situations qui pourraient lui porter préjudice, il n’aura de cesse de la supporter, de l’encourager, d’être présent, simplement. À l’heure où l’on débat souvent de romances toxiques, de relations problématiques, où parfois le consentement n’est qu’un vague concept au mieux non formulé, au pire même pas pris en compte, Josépha Juillet nous montre qu’un autre chemin est possible, et qu’il est tout autant favorable à l’écriture d’histoires passionnantes.

⚔️ Les thèmes explorés sont variés et intéressants : L’émancipation et la recherche de liberté de la condition féminine, la recherche d’identité, comme j’ai pu en parler ci-dessus. On peut également y voir des références à la montée des extrêmes : Lorsque l’on perd tout, lorsque l’on est plus que rancœur, quelle porte plus simpliste que celle de la vengeance et de la haine de l’autre, et in fine, de soi-même13 ?

😮 Reste à plonger tout ce petit monde (nature, personnages…) dans une histoire. Et c’est encore une réussite ! l’intrigue nous accroche pour ne plus nous lâcher, notamment grâce à ces chapitres courts, mais aussi — et surtout — grâce à ce puzzle qui se constitue, petit à petit, autour de l’enjeu de la paix, et de la survie de nos personnages. On préfèrera se plonger dans l’œuvre à travers des phases de lecture assez longues, pour apprécier au mieux la construction progressive de l’histoire. D’aucun.e.s auront su voir se dessiner les clés du récit : ce n’est pas mon cas14 ! et j’ai aimé être porté, puis surpris, vers un dénouement qui m’aura agréablement surpris…

⚔️ J’avoue avoir été un tout petit peu moins conquis par les scènes de bataille, m’attendant parfois à des moments grandioses, fait d’échanges de sorts, de démonstration de la puissance dont font preuve nos personnages : Mais, pour en avoir discuté avec Josépha, ce n’est pas tant une faiblesse qu’un parti pris : Celui, très justement, de rester dans un récit plus intime, reposant davantage sur les ressentis et les sentiments. À ce titre, je modère tout à fait ma perception. Sachez cependant qu’il ne faut pas forcément venir ici pour des batailles épiques à 12 milliards de dollars15.

😍 C’est donc un bel ouvrage, tant sur sa livrée que sur son contenu. Une œuvre agréable, une histoire sympathique et prenante, très rythmée, aux thèmes actuels et riches d’inspirations. J’ai peut-être le coup de cœur facile, me direz-vous : c’est bien possible, et je ne saurais m’en priver, en ce qui concerne ce livre 🙂 En mot comme en cent : Foncez !

Résumé

« Au milieu des terres de Bellegarde s’épanouit la forêt de Langrebrume. Certains la disent hantée, d’autres la pensent peuplée de créatures maléfiques. Tous s’accordent à la trouver maudite.
Au plus profond de la sylve, derrière le bruissement des feuilles mortes et le craquement des branches se jouent de puissants desseins. À son contact, Samson, Alix et Sélène verront leur vie prendre un chemin inquiétant.
Parviendront-ils malgré tout à tracer leur propre destinée ?
« 

Notes de bas de page

  1. Et mon nez aussi, rapport à quelques rencontres fortuites avec l’œuvre de ladite autrice. ↩︎
  2. Pas du tout : dans mon point relais favori qui s’appelle « Épices et Vous ». C’est même pas une blague. ↩︎
  3. Un serment qui ne tient pas ses promesses serait un bien piètre serment, me direz-vous, non ? ↩︎
  4. J’aime cette référence. Si vous ne l’avez pas, sachez que c’est une référence de haut vol. Mais sans pilote. ↩︎
  5. Même pas le droit d’avoir un scooter, c’est trop nul t’façon. ↩︎
  6. Oh eh, on ne critique pas. On ne choisit pas son prénom. ↩︎
  7. Aucun lien avec Véronique. ↩︎
  8. Par opposition aux natures mortes. Ouais, je fais dans la peinture, également, à mes heures perdues. ↩︎
  9. Coucou De Saxus ! ↩︎
  10. Non, je ne refais pas la note de ci-dessus, ça serait gratuit et méchant. Et de toute manière, je n’en sais rien, je n’en ai encore jamais lu ! ↩︎
  11. Ouais ouais, médiéval, on a dit. ↩︎
  12.  la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. ↩︎
  13. Jordan arrête tes conneries. ↩︎
  14. Je ne sais pas si je devrais m’en vanter… ↩︎
  15. VIvement l’adaptation Marvel : Avengers l’ère de Langrebrume. Les négociations sont en cours, me disait Josépha. Si si. ↩︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *