Salut à toustes,
Pas plus tard que ce matin, je me promenais au Jardin des Plantes, à Nantes. Les plus locaux d’entre vous sauront qu’il y existe une œuvre étonnante, sous la forme d’un banc, monumental, que j’aime appeler “le Banc des Géants”. Mon cerveau maladif me rappelant soudainement que je n’avais pas encore rédigé mon avis sur “Le Chant des Géants”, de David Bry.
La proximité phonétique des deux œuvres est confondante, n’est il pas ? (1)
Quoi qu’il en soit, c’est parti pour un nouvel avis lecture de Juin !
“Mon Dieu, mais qu’est ce que c’est ?”
D’une hauteur étonnante de près de 4m20, l’œuvre de Claude Ponti – installée depuis déjà dix ans – figure un gigantesque ban… aaaaah non, mince, je crois que je suis en train de me mélanger dans mes fiches. (2)
Reprenons. Le Chant des Géants, donc. Dès le quatrième de couverture (3), on comprend qu’on va assister à la représentation d’un brillant conteur, assis là, devant vous, prêt à vous faire voyager. Mise en abîme, car qui est le brillant conteur en question si ce n’est d’abord David Bry ?
David Bry, donc, nous emmène dans un univers que l’on pourrait qualifier de médiéval fantastique. Nous voilà sur l’Île d’Oestant, grande île que l’on dit issue du songe de trois géants. Cette grande île est divisée en plusieurs royaumes, qui s’affrontent et s’allient depuis des générations, enchaînant périodes pacifiques et terribles conflits sanglants. Or, une menace nouvelle surgit: un sombre brouillard méphitique commence à envahir les flots puis certaines régions côtières de l’île…
Cette menace, bien que prégnante tout au long du récit, n’est que le cadre lointain dans lequel s’inscrit l’histoire de Bran et de Ianto, deux frères pourtant proches, qui vont malgré tout s’entredéchirer au fil des pages et des évènements qui nous sont contés. Il y aura une princesse, évidemment, dénommée Sile: Elle participera bien malgré elle à une trame narrative ourdie de violence, de mort, de combats et de complots.
Mon avis
Cette structure étonnante éveille l’imagination des petits et des grands. En cela elle… ahhhh et mince je me suis encore planté (4).
Pardon. Je disais donc ! Quelle claque… Mais quelle claque ! C’est ma deuxième incursion dans l’œuvre de David Bry: Après le fameux “La Princesse au Visage de Nuit”, c’est dans un tout autre style que je continue à découvrir cet excellent conteur. Et quel plaisir !
Le chant des géants, ce sont d’abord des personnages à qui l’on s’attache d’autant plus que l’auteur les fait souffrir devant nous. C’est parfois déchirant, mais qu’est ce que c’est bon ! mention spéciale au personnage de Sile, princesse que David Bry prend plaisir à faire sortir des stéréotypes habituels de la jouvencelle éplorée. Car sa badassitude n’a d’égal que ses réactions folles aux situations épiques auxquelles elle se voit confrontée, comme ses divers protagonistes.
Autre point fort du roman, cette intrigue où tout trouve sa place: David Bry n’est certes pas avare de personnages étranges, d’objets magiques, et autres interventions qui laissent nos personnages dans la plus grande des perplexités. Mais rien n’est gratuit, en ce monde, et chaque élément vient s’imbriquer à la perfection jusqu’aux dernières lignes du roman, jusqu’à cette fin qui en fait hurler certain.e.s, mais qui, selon moi, pourrait bien mériter un très joli sceau de perfection
Tout cela est merveilleusement servi dans un style travaillé mais toujours accessible. David Bry est là pour nous raconter une histoire, et non pour nous perdre dans des jolies figures stylistiques creuses. Et puis, l’objet lui-même: un bel ouvrage réalisé par HSN Editions, qui vient encore ajouter au plaisir de lecture.
En un mot comme en cent, c’est un coup de coeur, que je ne saurais que trop vous conseiller. Oui, même toi, là, avec une grosse empathie: prévois juste un p’tit paquet de mouchoirs !
Et puis étonnement, même avec une assise à 4m20 de haut, on garde les pieds bien au sol… ah, non, pardon, attendez, je ne me suis pas assis sur le bon objet.
Le résumé
Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous, calez-vous
contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons, de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.
Les notes
(1) c’est une question rhétorique. En vrai je me fous un peu de votre réponse. Désolé.
(2) en vrai je n’en ai pas. d’ailleurs c’est pour ça que j’écris des avis: sinon j’oublie tout. Faut pas vieillir.
(3) chose rigolotte (si si) le synopsis reprend mot pour mot le début du roman. Au moins vous serez pas spoilé.e.s.
(4) Avouez que c’est cocasse. se planter. au jardin des plantes. ahaha. vous ne vous doutiez pas que vous alliez autant rire.
(5) Eh non y’en a toujours pas. C’est encore et toujours un piège. oui, si vous vous êtes encore fait.e avoir, vous pouvez avoir honte.
[…] la mélancolie et l’aspect tragique des œuvres de David Bry. Coup de cœur aussi pour Vincent qui vous conseille à raison les mouchoirs pour accompagner votre […]