Bonjour à toustes,
Il y a quelques mois, je lisais Émissaire des Morts — non sans plaisir — le premier tome de la trilogie d’Andrea Cort, par Adam Troy Castro. Paru chez Albin Michel Imaginaire, avant d’être repris, aux éditions du Livre de Poche, ce volume, accompagné de nouvelles permettant l’introduction à cet univers, fut une excellente lecture. Tel que j’avais écrit dans mon avis d’al… ah merde, je n’ai pas écrit d’avis.
Bon, eh bien ce n’est pas grave : Ayant terminé ma lecture du deuxième tome « La Troisième Griffe de Dieu » tome 2, je me permets de chroniquer celle-ci, sans spoiler. Ceci vous permettra déjà d’y voir plus clair sur cette trilogie, tout du moins, ses deux premiers volumes.
Car, voyez-vous (vous n’en serez pas étonné.e.s), j’ai encore une fois adoré cette lecture.
Résumé (qui ne spoile pas vraiment, ne gueulez pas)
« En choisissant ses nouveaux maîtres1, Andrea Cort a été bien récompensée : elle est devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap. Enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques, elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements. Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent. À peine arrivée au port orbital, des assassins tentent de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Piégée dans un ascenseur spatial, Andrea va devoir mener l’enquête la plus périlleuse de sa carrière.«
Mon avis
😶 Andrea Cort, c’est une enquêtrice sociopathe2 et misanthrope3, détestée de toustes4. Parce qu’elle est l’icône d’un massacre qui, à l’âge de ses huit ans, mit fin à une utopie ou humains et extraterrestres (les bocaïens) vivaient en harmonie. Pris par une frénésie étrange, les deux espèces s’entredéchirent, laissant Andrea rare survivante, certes, mais sur le corps encore chaud du « papa bocaïen » trucidé et torturé par ses soins. À l’âge adulte, elle aura le choix. Purger sa peine ou être condamnée à devenir enquêtrice5 pour la confédération homsap, conscient de son intelligence.
🔍 Qui n’a d’égale que sa misanthropie6 : Une sociopathe, donc, sans aucune empathie, dont le seul but sera de découvrir la vérité quel que soit le coût. Un personnage détestable, mais… qui évoluera bien vite, au fil de ses aventures et enquêtes, nous permettant de nous attacher progressivement7.
🥶 Non content de nous proposer un personnage original, Adam Troy Castro produit le même exploit avec son univers : Quelques espèces extraterrestres bien définies — ainsi qu’une intelligence artificielle bien flippante — mais aussi et surtout des mondes dans lesquels la morale n’existent que peu : C’est ici chacun pour sa pomme, et c’est le paradis pour les industriels peu scrupuleux capables de vendre des armes abjectes où de traiter son prochain avec le moins d’égards possibles. Glaçant8.
🧠 Et puis, il en va du premier tome comme du second (Encore que j’aie préféré celle du second !) Adam Troy Castro nous sort des intrigues alambiquées, pleines de complots et de rebondissement, mais sans jamais nous perdre : C’est addictif, dynamique, bien pensé. Et jamais, nous ne sommes pris.e.s pour des con.ne.s9, quitte à faire appel à nos capacités de déduction, quitte à nous laisser avec notre incompréhension, quelques pages durant… mais jamais longtemps.
😍 Ajoutez à ça des thèmes passionnants autour de l’identité, de l’éthique de la technologie, des manipulations mentales qui font froid dans le dos et qui ne ménagent pas nos personnages principaux, vous obtenez une SF riche, très gratifiante, où le mot de la fin sera toujours… Encore !
Une lecture commune avec Gaëlle et Marie-Eve qui peut entrer dans le défi lecture des mordus de SFFF 2024, dans la catégorie #P3D2, Une histoire dans laquelle la science est utilisée comme une arme.
🗒️ Notes de bas de page
- Ça ne spoile pas vraiment, vous ne savez pas du tout lesquels ahahah ! ↩︎
- Comme un.e dentiste ↩︎
- Comme un.e patron.ne du CAC40 ↩︎
- Comme un ministre de l’Intérieur. ↩︎
- Avec un statut proche de celui d’esclave. Le Medef a la belle vie, dans la SF. ↩︎
- Un peu comme moi, et mordugénial. Enfin, on est beaucoup moins misanthropes. ↩︎
- Un peu comme dans une session de Shibari. ↩︎
- Comment ça « de droite » ? ↩︎
- Alors qu’on le mériterait parfois un peu. ↩︎