Parfois, je suis un peu concon: j’oublie la moitié de mes bouquins lus sur le mois de mai (ndlr: référence à une vanne sur insta ), par exemple, ou je choisis le timing pas du tout idéal pour une lecture dont je savais pourtant à quoi m’en tenir Je choisissais donc une fin de période difficile autant en charge de travail qu’en charge mentale et émotionnelle pour attaquer: La Princesse au visage de nuit, de David Bry.
On ne peux pas dire que je n’avais pas été prévenu ! une histoire sombre, violente, difficile, notamment pour qui a une empathie un peu en éponge naturelle (sans le côté vert qui gratte, quoi). Car oui, il va être majoritairement question dans ce fantastique roman fantastique (non, je bégaie pas, c’est volontaire) de violence envers les enfants. Et pas qu’un peu.
Le bouquin
Le prologue nous emmène bien malgré nous, dans un terrible accident de voiture qui coûte la vie aux parents d’Hugo, la vingtaine, jeune parisien branché
Hugo, ses parents, il ne les a plus vus depuis ses 10 ans, en 1999: Date à laquelle il a été retrouvé par les forces de l’ordre. Errant, seul, à l’orée de la forêt de son petit village natal. Totalement hagard. Il vient de perdre ses deux meilleurs amis qu’il ne reverra jamais.
Marqué de l’indicible sceau de la violence qu’il subissait depuis des années, de ces parents indignes et infâmes.
Hugo doit donc se rendre à l’inhumation de ces abominables parents, et revenir dans ce village, qui, pour lui, ne signifie que peine, douleur et violence. “Puissent t’ils brûler en enfer”, dira t’il sur leur tombe.
Nous voilà donc embarqués dans ce terrible contexte, où nous découvrons rapidement, avec Hugo, que l’accident n’en est pas un. Que la voiture a été sabotée, précipitant l’issue fatale. Vengeance d’un des habitants du village ? Retour de l’engeance fantasmée et fantomatique censément installée dans cette sombre forêt maudite ?
mon avis
La première chose qui frappe, dans ce roman – outre la main des adultes, humour léger ahaha drôle – c’est la capacité qu’à David Bry de nous embarquer en trois lignes, pour ne plus nous lâcher jusqu’au point final.
Les thèmes sont lourds, terribles. Outre la violence des adultes, et de violence scolaire, on y parlera d’agressions sexuelles, de viol, de tentatives de suicide… on y parlera des répercussions sur la vie de jeune adulte: Que ce soit via cette histoire affreuse, ou par le regard de ces amis restés à paris, en proie à leurs démons. Rien ne nous est épargné, mais tout cela avec une grande intelligence et une grande sensibilité.
L’histoire est haletante, surfant entre légèreté de ces amis parisiens – lorsqu’ils ne sont pas dévorés par leurs démons – ou certains rapports chaleureux mais tristes, de ces villageois qui n’ont rien su dire, rien su faire pour éviter l’indicible, et l’horreur des souvenirs qui surgissent. Et ce fantastique qui plane sur la normalité, sans que l’on sache vraiment s’il n’est qu’illusion, ressenti, ou irruption du surnaturel dans cette réalité bien trop sombre.
Et puis, par delà cette épreuve qui les emporte tous et toutes, peut être l’espoir. Celui de la vie, malgré tout.
Un livre dur, mais tout de même un coup de coeur, par celui qui, je n’en doutais pas, excelle comme conteur. Merci à David Bry, dont c’était pour moi le premier roman, mais de toute évidence pas le dernier…
(Je valide #m2c5, un livre avec une disparition… Surtout qu’il y’en a deux. ca compte double ?)
Le résumé
Vingt ans qu’Hugo n’a pas remis les pieds dans son village natal, coincé entre un bois sombre et une large rivière. Le décès soudain de ses parents l’y oblige pourtant, et le jeune homme constate que rien ou presque n’a changé. La sorcière hante toujours le cimetière, l’ogre s’est reclus dans sa maisonnée, et l’ombre derrière la fenêtre du château veille, fidèle à son poste. Vingt ans qu’Hugo tâche d’oublier son enfance meurtrie, les pleurs étouffés et la disparition de ses amis. Mais quand le vent chuchote des prénoms à l’oreille, que des jouets perdus refont surface, que des lucioles dansent au milieu du brouillard, peut-être est-il temps d’affronter les peurs enfantines et de retrouver le souvenir de cette nuit d’orage où la princesse au visage de nuit a déchiré le voile de la réalité.
[…] de cœur pour Vincent qui a adoré ce roman malgré sa dureté, certainement grâce au talent de conteur de David […]