Mes ami.e.s, n’allons pas par quatre chemins, non, une fois n’est pas coutume. Nulle tergiversations, ici. Pas de « j’ai aimé/j’ai pas aimé », de résumé décalé ou de smileys en-veux-tu-en-voilà-en-voilà-quand-même-si-t’en-veux-pas.
Car ce bouquin est un véritable coup de cœur.
📖 Il y’a tellement de choses à dire que j’ai du mal à savoir par quoi commencer. Allez, tiens, commençons par le début. Nous y rencontrons Rem, une des narratrices du roman, qui nous livre ses pensées. Et de commencer par une belle petite claque sur la tête, parce que… Mon dieu que c’est bien écrit. D’une fulgurance rare, pas de celles qui frôlent le ridicule par leur vacuité, non: de celles qui sonnent vrai, de celles que vous avez au fond du cœur mais que vous ne sauriez pas verbaliser. Une merveille.
📖 Et de voir bien vite un élément étrange surgir, amenant alors le récit vers… le fantastique ? la SF ? fantasy ? je ne saurais dire (je suis nul pour mettre les trucs dans les cases (1) ). Car notre narratrice possède un don: celui de voir à la fois notre passé que votre présent: et de parler ainsi de choses intemporelles, mais aussi de marketing, d’aéronautique, voire de code informatique…Surprenant.
📖 Nous revenons ensuite plus classiquement à une histoire, celle nous narrant la chute d’un sultan assassiné par un fanatique, remplaçant alors ce qui ressemble à un royaume sur le déclin par une dictature intégriste. Assassinant les épouses légitimes et leurs enfants, garantissant ainsi l’absence de succession. Jetant sur la route un sérail de 300 femmes et enfants, comme don au tyran de la cité voisine.
📖 Mais là ne s’arrête pas l’aventure, pour cette troupe alors terrorisée: Au détour de contes et de légendes narrées au fil du livre, tel des flashbacks parfaitement amenés, nous découvrons les personnages surprenant.e.s, telle cette Assassine infiltrée, ou ce Voleur de chameau dont la malice n’égale que l’ingéniosité: Iels permettront d’enclencher une prise de contrôle de cette surprenante caravane par celles qui n’en étaient que la marchandise.
📖 Et de suivre la naissance de l’idée de liberté, du prix qu’elle réclame à chacun.e de ces femmes – et de ces hommes qui viendront les rejoindre au fil de l’histoire – , de leur engagement, duquel naîtra une alternative politique crédible mais quelque peu anachronique si l’on considère les temps sombres qui nous sont décrits.
📖 Certain.e.s d’entre vous y reconnaîtront bien volontiers des inspirations d’Ursula Le Guin, explorant au fil de son roman ce qui ressemble à une expérience de pensée: J’y vois une touche des Dépossédés, j’y vois aussi l’ivresse de la découverte d’un monde différent tel que j’ai pu le ressentir avec la Main Gauche de la Nuit.
📖 Oh, tout n’est/ne sera/ne fut pas rose dans ces contes ainsi proposés (2), car Linda, Louise et Mike Carey nous amènent vers les difficultés de celles et ceux qui auront fait Cité. Certain.e.s personnages seront laissés sur le bord du chemin, mais pour mieux ensuite revenir tenter de gripper, voir de détruire cette bien belle machine.
📖 Loin d’oublier l’idée d’intemporalité portée par notre personnage/narratrice, les Carey l’utilisent alors de la plus belle des manières: Transcender leur récit. Mais je ne saurais vous en dire plus sans vous en dire trop: je me tais, donc, pour vous laisser l’ivresse de la découverte.
📖 J’ai eu la chance de rencontrer Linda et Mike Carey à la librairie l’Atalante, récemment: les entendre expliquer comment ils ont pu travailler et améliorer pas à pas ce récit, en famille, autour de quantité de plats de pâtes (si si). Comment Louise a eu l’idée d’amener des personnages, comment certains d’entre eux renferment un peu de l’état d’esprit de Mike, et comment Linda a pu amener certaines réécritures: Passionnant.. D’autant plus que le résultat est vraiment formidable 😉
📖 Un mot également pour la très sympathique Mathilde Montier, traductrice de ce Roman (3). Je ne sais évidemment pas à qui créditer tel ou tel morceau du récit, j’en serai bien incapable (4). Mais force est de constater qu’elle aussi a joué un rôle clé dans la qualité de ce récit, que ce soit par le vocabulaire ou par des tournures de phrase fort habiles…
📖 Enfin, un dernier mot pour rendre hommage à l’Éditeur, L’Atalante <3, qui nous propose encore une fois un texte habilement sélectionné, merveilleusement traduit, emballé dans un superbe écrin aux couleurs profondes et dorées (Coucou à l’illustrateur: Shahzeb Khan Raza 😉 <3 )… Bravo à vous, et merci de nous permettre la découverte de cette œuvre dans le meilleur des écrins possibles.
📖 Loin de moi l’idée de tomber dans le travers des conseils non sollicités et autres injonctions (ne fussent-elles point contradictoires) (5), mais en un mot comme en cent: Arrêtez vos conneries, et aller lire La Cité de Soie et d’Acier, de Linda, Louise, et Mike Carey <3
🗒️ Notes de bas de page
(1) et au passage, je m’en fous. Je dirais même, ohohoh, que je n’en ai rien…. rien à Carey !
(2) ouais, ok, je n’ai pas le talent de ces auteurices, moi, que voulez-vous…
(3) … et interprète occasionnelle, lors de cette soirée de rencontres. Qui n’aura rien lâché, même lorsque Linda Carey partait dans des phrases longues comme le bras 😀 merci encore, d’autant plus que traductrice n’est pas le même métier qu’interprète 😉
(4) de toute manière c’est un travail collectif, alors autant remercier tout le monde 😉
(5) « Bande de fragiles », comme disent les gens que j’aime pas. (6)
(6) je progresse. Avant, j’aurais dit « les cons ». Maintenant je dis les gens que j’aime pas. Parce qu’ils sont cons.
📖 Résumé
« Mon seul désir est d’assurer notre sécurité. À toutes. Vivre libérées de la peur et de la misère. Est-ce trop demander ? »
C’est alors que les djinns lui sourirent. « Il n’existe nulle sûreté. La liberté est à votre portée, si vous le décidez. Mais vous devez donner et prendre en retour. »
Il était une fois…
Lorsque les trois-cent-soixante-cinq concubines d’un sultan assassiné se voient condamnées à l’exil, elles unissent leurs forces et visent bien plus que la simple survie. Elles trouvent dans l’immensité du désert et aux marges de la société des alliés inattendus, fondent une communauté et soulèvent une armée en vue de reconquérir leur foyer.
Bessa. La Cité de soie et d’acier. La Cité des Femmes.
Linda, Louise et Mike Carey ont brillamment uni leurs plumes pour écrire ce roman de fantasy féministe inspiré d’Ursula K. Le Guin et des Mille et une nuits.