Mes Chères Ami.e.s, mes chères Camarades,
Je m’adresse à vous, ce soir, avec la plus grande des gravités (1). Car, parfois, et ce malgré toutes les influences qui sont miennes, autant lors de la sélection de mes souhaits de lecture, que lors de mes sessions d’achat devenues très souvent communes, influences qui font, depuis quelque temps, la richesse des échanges qui sont les nôtres…
… Je n’ai pas aimé.
Malgré toutes les attentes que j’avais, je n’ai pas…. Je n’ai pas aimé. Sortez les mouchoirs, pleurez avec moi sans vergogne, compatissez, pleureurs et pleureuses, car ainsi va la vie des lecteur.ices que nous sommes: jalonnée d’échecs d’autant plus douloureux qu’ils sont inattendus. Il en est ainsi, “Dans les profondeurs du temps”, d’Adrian Tchaikovsky.
Le bouquin
Dans le premier tome, l’excellent et exceptionnel “Dans la Toile du Temps” nous suivons le reliquat d’une humanité qui s’est autodétruite(2), notamment à cause d’un projet d’une scientifique démiurge souhaitant terraformer une planète externe d’une bien drôle de manière. En envoyant des singes coloniser une nouvelle planète, et puis, y envoyer un virus qui provoque l’élévation (ie. la naissance de l’intelligence et la conscience) chez les espèces qu’il contamine. Or, les singes n’arriveront jamais. Et ce qui sera élevé, sur la planète cible, ce sont des araignées toute mimi (3). Rescapé du cataclysme terrien, un vaisseau remplis de quelques humains (et de notre fieffée démiurge mégalo) découvrira la terrible méprise, après un réveil et une longue cryogénisation.
Dans le tome 2, nous sommes dans la continuité. L’auteur nous ajoute un deuxième vaisseau rescapé de la Terre, contenant, lui, des poulpes, élevés à la conscience par le même biais. Tout ce petit monde va se redécouvrir, s’affronter, tenter de s’allier contre une nouvelle entité extraterrestre originale, qui, par soif de connaissance, sème la plus terrible des destructions…
Ma déception
Et bien, je n’ai vraiment pas réussi à accrocher. Je n’ai pas su m’identifier, comprendre, même, simplement, les actions et pensées des divers.e.s personnages qui jalonnent ce petit pavé de 700 pages. Autant j’avais pris un pied immense à accompagner la naissance de la conscience de ces petites araignées du premier tome, autant je n’ai pas réussi à suivre l’auteur dans les réflexions qu’il prête à toutes ces nouvelles espèces extraterrestres et leur évolution. Pourtant, je ne saurais que louer l’effort d’imaginer des intelligences non anthropomorphes, autant dans leurs perceptions que dans leur mode de pensée.
J’ai cru, au bout de 200 pages, enfin comprendre les tenants et les aboutissants du récit qui m’était ici proposé: hélas, tout cela pour que 50 pages plus loin je retombe dans la même sensation de n’avoir rien compris du tout.
Tout n’est certes pas à jeter, loin de là: Des séquences horrifiques très efficaces (Je vous renvoie à l’UHL “Sur la route d’Aldébaran”), une vraie recherche des modes de pensées propres à chacune des espèces, en lien avec leur perception du monde, l’imagination phénoménale des fonctionnements sociétaux de chacunes, sans parler des IA simulées sur des environnements “techniques” non numériques (5), des considérations biologiques et physiques qui sont habituellement mon terrain de jeu favori… Et puis, finalement, une histoire intéressante, un dénouement surprenant – bien qu’un peu rapide, paradoxalement…
Hélas, je ne saurais me contenter de ces quelques points positifs. Car je n’aurais jamais eu l’impression de sortir de ce brouillard d’incompréhension… Et de repenser, ému, à ces attentes à jamais déçues…
Et vous ? L’avez -vous lu ?
📖Résumé
“Il y a plusieurs milliers d’années, la Terre a envoyé de nombreuses équipes dans l’espace en vue de terraformer de nouveaux mondes et de donner un futur à l’humanité. Arrivés à proximité d’une de ces planètes, les scientifiques à bord du vaisseau de terraformation baptisé l’Égéen découvrent, contre toute attente, qu’elle abrite déjà une forme de vie. Vont-ils surseoir à l’exécution de leur mission ou, envers et contre tout, rendre la planète habitable pour l’homme alors que la Terre n’a plus donné signe de vie depuis bien longtemps ? L’un d’entre eux, Disra Senkovi, est convaincu que des poulpes qu’il a élevés à la conscience pourront les aider à accomplir leur tâche au mieux. Et peu importent les conséquences.
D’une inventivité rare et déployant tous ses talents de conteur, Adrian Tchaikovsky parvient à donner une suite brillante à Dans la toile du temps (prix Arthur C. Clarke 2016).”
🗒️Notes
(1) Le ton, hein, pas le truc qui fait tomber les pommes.
(2) Quelle drôle d’idée. Ça n’arrivera jamais.
(3) J’ai vraiment écrit ça ??!
(4) Y’a pas de 4. c’est un piège.
(5) Sur des fourmilières. Sans déconner.