Arrêtez tout ! ce post concerne un bouquin de John Scalzi !
Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du fameux – me semble t’il – Les Enfermés, paru à l’Atalante en 2016. (Oui, je sais, je sais surfer sur l’actualité…). Pour la faire court, j’ai passé un excellent moment, et même s’il n’est pas mon préféré, cet opus est un excellent Scalzi !
Le bouquin
Je voulais vous faire un avis court, mais je n’y parviens pas sans d’abord vous décrire le contexte de l’histoire…
Imaginez ! Imaginez une pandémie (ca, c’est la partie facile) d’une étrange maladie: D’abord perçue comme un banal H1N1 (Roselyne Bachelot si tu lis ces lignes tu te détends s’il te plaît), se déclenche avec ces symptômes proches d’une grippe assez mortelle, puis, pour ceux qui ont de la chance mais pas trop, d’une maladie proche d’une méningite. Qui peut laisser des traces terribles: D’aucun.e.s peuvent être frappé.e.s du syndrome d’enfermement (dit: Syndrome de Haden, du nom de la première dame des USA imaginés ici), qui provoque l’isolement du malade en lui retirant l’usage du corps, tout en lui laissant indemne toute sa conscience.
Etant donné l’impact de la maladie (notamment sur la femme du président des US), les scientifiques parviennent à mettre au point, à défaut d’un vaccin, des systèmes de sondes neurales permettant de briser l’isolement des malades: A leur guise, un espace virtuel leur est proposé (l’Agora, genre de Metaverse mais en réussi), voir même d’habiter des corps artificiels, affectueusement nommés “cispé” (oui c’est une réf).
L’histoire démarre une vingtaine d’années après la mise en place de ce nouvel écosystème. Et à l’aube de l’application d’une réforme du système de santé américain (c’est de la SF on a dit) visant à ouvrir le système mis en place au secteur privé.
John Scalzi ancre donc son récit dans cet univers fascinant: nous allons suivre une jeune recrue du FBI, fils-à-papa d’un riche sénateur populaire et accessoirement victime du syndrome de Haden, dans sa première enquête sur une série de meurtres étranges…
mon avis !
On reconnaît la fameuse patte de John Scalzi: Les personnages sont intelligents, ne sont pas dénués d’humour et d’autodérision, les dialogues sont fins et d’une terrible efficacité. Ils sont l’occasion de découvrir l’impact des technologies sur la société américaine, comme l’acceptation de la différence, la naissance de nouveaux groupes sociaux, les risques de ségrégation, et j’en passe.
Le roman, même s’il n’invente rien, est donc agréable à lire, fluide, et même si l’on ne rit pas aux éclats (loin s’en faut !) On sourit de situations cocasses et parfois totalement absurdes. Et puis, comme à l’habitude avec le Sieur Scalzi, j’ai trouvé le dénouement fort habile
… Alors vu sous cet angle, on dirait que j’ai passé un bon moment sans plus ?
Et bien pas tout à fait ! Car, ô, joie, le livre est séparé en deux parties ! Un roman de 300 pages, sympathique et divertissant, donc, mais aussi – et surtout ! – de 80 pages d’une nouvelle, qui, elle, m’a profondément emballé !
Scalzi imagine un ensemble d’entretiens avec des personnalités reprenant le déroulement de cette pandémie, avec une vingtaine d’années de recul. On y trouve plusieurs parties, notamment dans l’entourage du président des Etats Unis, dont la Femme est frappée par la maladie au tout début de la pandémie.
On y retrouvera également des ingénieur.e.s, des médecin.e.s, des hommes et femmes d’affaire, des scientifiques, des sociologues… Tout cela est passionnant, criant de vérité, souvent très touchant.
Et c’est pour moi, cette partie du livre qui le hisse à un tout autre niveau: On y découvre le résultat de ce qui a dû être un immense travail de recherche, de documentation, mais aussi et surtout d’imagination et de projection… Tout ce que j’aime dans la SF, quoi
J’ai donc hâte de découvrir le deuxième opus se déroulant dans ce même univers, dans “Prise de tête”, toujours chez l’Atalante
Quatrième de couverture:
Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n’y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ». Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d’implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu’on nomme « intégrateurs »… Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. A sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c’est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S’il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne sera pas coton. Et c’est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.