Bonjour à toustes,
Fin Juin dernier, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre aux Mystériales de Redon, ou j’ai pu arpenter les allées du cloître accueillant ce petit salon, tel un écrin accueillant sa pépite. J’en fais trop. Certes.
A cette occasion, j’ai découvert un éditeur que je ne connaissais pas encore, Gephyre, basé non loin de Nantes, mon fief adoré. Ma camarade et moi-même y furent accueillis chaleureusement par Bénédicte Coudière, qui nous aura fait une belle présentation de sa maison d’édition, et d’un de ses titres, Scrops, de Maêlig Duval.
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📖1 – Le bouquin
📖 … n’est pas celui dont on va parler ici (1): car non contente d’être une excellente commerciale pour sa maison d’édition, Bénédicte Coudière (2) m’a également présenté un de ses romans, « Ce que le destin nous refuse. » Qui va donc nous occuper le temps de cette petite chronique.
📖 Nous voilà dans un monde imaginaire, où l’on découvre un système électoral bien étonnant: Le tirage au sort. Alors non, je ne parle pas de premier tour des présidentielles en France, je parle ici d’un tirage aléatoire des élus, dans toute la population. Vous vous baladez, l’air de rien, avec vos gosses et votre chien en laisse (3), et vous voilà paf en charge du ministère de l’éducation et de l’éclairage public (4). La tuile.
📖 « Oh quel système fort égalitaire que voici ! ». Ahaha. vous êtes mignon.ne.
📖 Car là aussi, c’est magouille et compagnie. Les chances de tirage s’achètent, se refilent, se bidouillent… Et puis, lorsque l’heureuxse élu.e n’est pas en mesure d’assurer sa tâche, que se passe t’il ? On nomme une caution morale, qui devra l’accompagner pendant son mandat. Caution morale qui devra alors donner 4 ans de sa vie, avec pour effet de l’écarter définitivement de ce système vécu comme une terrible sanction pour celleux qui doivent en porter la charge.
📖 « OK, mettons, pour le moment on est plus sur l’essai politique que l’imaginaire », me direz vous avec raison: car j’omet LE détail qui tue: Caution Morale et Elu.e devront porter chacun.e un implant cérébral, qui va les lier intimement, leur faisant ainsi partager tout leur univers intérieur… La plus indicible et commune solitude qui fait de nous des humains, ainsi brisée… (5)
📖 C’est ce qui va arriver à Ariadnê, se monnayant « Caution Morale » pour se racheter et ainsi retrouver le fils qu’on lui aura pris, et Orianne, placée ici pour servir aux vils calculs de son riche père, puissant notable aux sombres desseins.
📖 Et puis, parce que Bénédicte Coudière ne manque pas d’idées et d’inspiration (6), nous suivrons également « Un », esclave rescapé d’une galère naufragée, et Sanyakta, orpheline déjà adulte, embarquée par delà les mers pour retrouver Mère et Soeur dont elle aura été privée dès l’enfance.
📖 C’est ainsi que démarre notre récit, prêt à confronter nos protagonistes à ce que l’on nomme ici: Leur destin.
😍 2 – Mon avis
😍 Vous savez ma passion pour la concision (7), et donc, autant y’aller de but en blanc: J’ai beaucoup aimé ce roman.
🧠 La première chose qui me vient à l’esprit, en repensant à ce que j’ai lu, c’est la capacité qu’à Bénédicte Coudière de décrire nos mondes intérieurs, nos sensations, nos ressentis… Et c’est forcément là une des clés du roman: On parle tout de même d’un implant censé dépasser les frontières psychiques de l’individu ! Mais même en dehors de ces passages, tout est « sensible »: du goût du sang dans la bouche, jusqu’à la sensation de vertige lorsque l’on comprend des choses terribles, ou encore la douleur du vide d’un deuil… J’ai l’impression que l’autrice parvient à verbaliser ces états mentaux – et leurs effets physiologiques ! – alors même que dans la vie, je m’en sens parfois bien incapable de simplement les identifier… C’est très touchant.
😮 D’autant plus que rien n’est épargné à nos protagonistes: Certes, le nom du roman (fort bien choisi, au demeurant) ne laissait que peu de place au doute. Je me répète, mais on va parler de solitude, de deuil, de privation de liberté, de négation même de l’individualité… Tout un panel de thèmes riches et passionnants.
⏱️ Un mot également sur le style d’écriture: Parfois laconique, voir expéditif (mais cela a un sens: Une des personnages tenant un genre de journal intime ou elle note en quelques mots ses aventures et ses ressentis). C’est un festival de phrases courtes, percutantes, que j’ai trouvé parfaitement adapté au récit.
😯 Alors certes, certains rebondissements et révélations se voient d’assez loin, et je me suis surpris à m’exclamer deux ou trois fois « vas y c’est bon j’vois ou ca veut en venir ». Mais c’est pour mieux me laisser surprendre par quelque péripéties toutes plus terribles les unes que les autres.
🧩 Si tout se résout à terme, si tout prend sa place dans ce gigantesque puzzle – allégorie de la notion de destin, finalement, non ? – quelques évènements (surtout un, en fait) m’auront un peu laissé sur ma fin: « C’est tout ? pas de réaction plus prononcée ?? mais c’est tout de même intolérable ! ». Mais j’en viens à me demander si ce n’est pas l’illustration de ce qu’est capable notre cerveau lorsque l’intolérable se produit sous nos yeux: Un mécanisme de protection, peut être ?
😍 Quoi qu’il en soit, un roman vraiment intéressant, une écriture originale, une aventure très intime, assez riche, qui aura su me tenir en haleine et me surprendre jusqu’au bout.
😍 Merci Bénédicte Coudière !
🗒️ 3 – Notes de bas de page et comment ça, on avait dit « pas les noms de famille… » ?
(1) Il est pas mal, aussi !
(2) Oserais je écrire que Bénédicte Coudière avait un coup d’avance sur mes envies ?
(3) Ou l’inverse, je ne juge pas.
(4) je vois d’ici le slogan: « Pour un monde plus éclairé… » Ou ou ou « A défaut de vous garantir que votre mioche aura la lumière à tous les étages, on peut vous garantir que vous l’aurez dans la rue ». Ce qui est un peu à double sens en plus. Habile.
(5) C’est beau hein. Enfin « indicible » c’est un peu le mot facile à caser.
(6) Oserai je écrire qu’elle en a sous le coude ?
(7) Ahahaha.