Les Épreuves de Koli – M.R. Carey

Bonjour à toustes!

🌿Il y a quelques mois (une bonne dizaine, à peu près), je vous contais ici les difficultés que j’avais avec mon chèvrefeuille1. Alors forcément, j’avais été conquis par Le Livre de Koli, de M.R. Carey: Une nature sauvage qui ne pousse que trop bien, avec une petite particularité cependant : Elle assassine tout le monde2.

📚 Comme toute trilogie qui se respecte3, Le Livre de Koli précède deux volumes, « Les Épreuves de Koli » et « La Chute de Koli », formant à eux trois « la Trilogie du Rempart ». C’est donc après tous ces mois de pause que j’entamai la lecture du second volume (Paru en mars 2022, aux Éditions l’Atalante 💓), chargé des espoirs et des attentes alimentées par les échos dithyrambiques parvenant à mes esgourdes, depuis lors.

🤔 Alors ? Ai-je apprécié ma lecture ? Ai-je succombé aux charmes de cette nature qui semble se venger de mon chèvrefeuille ? Où suis-je tombé dans le fossé des attentes déçues, substrat d’une déception n’ayant d’égal que mon incapacité à faire fructifier le pécule végétal composant ma bien triste terrasse en ces temps printaniers certes, mais ô combien pluvieux ? Eh bien, pour faire court, je dirais que oui, oui ! Et de bien belle manière.4

⚠️ Cet avis peut contenir quelques petits spoils du premier tome. Mais aucun sur le second ! ⚠️

Lu dans le cadre du défi des mordus 2024. Accrochez-vous, ça peut couvrir un paquet de catégories ! #P1D3 – Un livre avec l’un des personnages principaux LGTBQI+, #P2D3 – Un livre avec des plantes (ou partie de plantes) sur la couverture, #P3D2 – Une histoire où la science est utilisée comme une arme, #P5D3 – Un livre dont le nom de l’auteurice comprend des initiales, #P6D2 – Un livre à multiples narrateur-trice-s, #P7D2 – Un livre avec une scène de baston / bataille ou, pour terminer #P7D6 – Un livre dans lequel la nature joue un rôle central. Pour ma part, je sélectionne #P2D3 !

2️⃣ Premier changement dans ce deuxième tome : l’ajout d’un point de vue. Et pas des moindres ! Car il s’agit de Toupie5, l’amie de Koli6, délaissée par notre principal protagoniste lors de ses mésaventures initiales du premier tome. Si Koli continue à crapahuter dans la nature hostile et sauvage, Toupie7, elle, reste à Mythen-Croyd, leur village d’origine, pour construire sa vie d’épouse8 avec Haijon, le mari qu’elle a choisi au détriment de notre ami.

💥 Mais évidemment, les objectifs de nos deux camarades seront contrariés par les évènements plus ou moins catastrophiques auxquels ils vont devoir faire face, à leur grand malheur, certes, mais pour le plus grand bonheur des lecteurices sadiques que nous sommes9.

🌍 Ce choix des points de vue multiples permet de développer l’univers tout naturellement, autant d’un point de vue chronologique que spatial. Alors que Mythen-Croyd n’était que l’étape de démarrage du parcours initiatique de notre ami Koli, il est ici un des lieux principaux de notre récit. Et l’on comprendra alors beaucoup mieux l’organisation de la cité, ses usages, ses difficultés, ses enjeux. Ce choix permet également d’explorer autrement le contexte et le ressenti des un.e.s et des autres face à des choses dont on ne leur donne que partiellement à voir et à comprendre. Et in fine de mettre en perspective notre monde réel, car l’Histoire n’est pas la même selon le point de vue que l’on adopte, et qu’il serait bon de ne pas l’oublier10 !

👀 Les pérégrinations et aventures de Koli, permettent, de leur côté, d’explorer plus largement ce monde, d’observer des structures sociales différentes faisant miroir à celles de Mythen-Croyd, mais aussi de revenir plus en profondeur sur les causes de l’apocalypse du monde d’avant. Et l’on en saura un peu plus sur l’effondrement de la civilisation ayant causé l’oubli total du monde d’avant11, non sans partager l’effroi12 de nos protagonistes.

🌳 M.R. Carey nous livre alors un post-apo toujours aussi original, qui s’éloigne de l’image des déserts arides où seul pousse le sable radioactif13, poussé par un vent infernal, dernier souffle d’un monde à l’agonie. Et si l’on oubliera bien vite les références classiques au genre14, on se surprendra parfois à penser à l’ambiance hostile et verdoyante de Zelda Breath of The Wild, ou, pour aller sur le terrain du cinéma, du fameux « Les fils de l’homme » d’Alfonso Cuarón, en évidemment largement plus champêtre.

👪 Fidèle à lui-même, M.R. Carey nous alimente en personnages toustes aussi attachants les un.e.s que les autres, même lorsqu’il ne s’agit que de technologies robotiques à la Boston Dynamics. Que ce soit dans le monde de Toupie ou celui de Koli, on tremblera pour la survie de toustes, et l’on se désolera des vies qui tombent, saisies par la nature ou par la folie de l’humanité poussée à bout.

🤓 Les thèmes abordés sont nombreux et relativement riches. On y retrouvera un pan sur la recherche sa propre l’identité, qu’elle soit celle d’un.e adolescent.e en plein changement ou celles d’une IA se réclamant de l’Humanité. Et d’observer le poids des technologies dans nos vies, par leur absence. Mais aussi les dérives politiques d’une élite qui s’arroge le droit de vie ou de mort, sur le terrain de peur et de haine de l’autre que l’élite en question n’aura de cesse de cultiver.15

🏃 Quant au rythme, il est soutenu, et rares sont les moments ou lecteurices comme personnages auront le temps de prendre leur souffle, de faire redescendre la pression. Et ces quelques moments seront l’occasion des phases de discussion et d’introspection, permettant au mieux de s’immerger dans l’ambiance. Et puis, cerise sur le gâteau, un dénouement parfait qui ne donne envie que d’une seule chose : Se jeter sur sa suite. Il sait y faire, le bougre !

😍 Au final, je crains que les nombreuses personnes m’ayant fait part de leur enthousiasme m’aient menti : Ce livre est ENCORE MEILLEUR que je ne l’escomptais, surpassant le premier par son rythme et sa richesse. J’irai même à trouver cette histoire encore meilleure que le diptyque « Celle qui a tous les dons » et « La part du monstre », du même auteur. Et pourtant, j’ai trouvé ça génial.

🌿 Quant à mon chèvrefeuille, je pense qu’au final, je vais accepter cet état de fait : C’est toujours mieux de le voir péricliter que de le voir pousser par mes trous de nez16.

📖 Résumé

Ils étaient trois ou quatre, ça dépend comment on veut compter : il y avait Koli, chassé de son village, et c’est lui qui raconte l’histoire ; Ursala, une guérisseuse itinérante ; Tasse, une fille rescapée d’une secte d’illuminés ; et, quatre ou pas, Monono, un tech mais aussi une fille dans un boîtier. Et ils étaient en route vers Londres à travers une végétation hostile, guettés par des bêtes vicieuses et parfois des ennemis humains plus redoutables encore.

Le voyage serait long, les épreuves ardues, et Londres existerait-elle encore ?

Elle était seule face à tout un village, et c’est elle aussi qui raconte l’histoire. Enfin celle qui se passe à Mythen-Croyd, où la maladie avait frappé et que Toupie avait éradiquée en se servant d’un tech qui n’était pas le sien…

🗒️ Notes de bas de page

  1. Rassurez-vous, car depuis ces quelques mots, ledit végétal a décidé de ne rien changer du tout : il va toujours aussi mal. ↩︎
  2. Un léger détail. ↩︎
  3. Sauf celle en cinq volumes, évidemment. ↩︎
  4. J’ai l’impression d’avoir déjà dit ça quelque part… ↩︎
  5. Or not… non, non, NON, je ne peux pas me résoudre à la faire, celle-ci. ↩︎
  6. Après La Poste : Bah oui, La Poste est l’amie de tous les Koli. ↩︎
  7. Les quelques parents que vous êtes prendront garde à ne pas confondre avec « Tchoupi ». C’est pas pareil. ↩︎
  8. Travail, Famille, Poterie. ↩︎
  9. Ne niez pas. Enfin, ce n’est pas pire que les auteurices, qui aiment zigouiller tout le monde et les faire souffrir. On vous voit. ↩︎
  10. Et pour citer le grand Terry, l’histoire est écrite par les survivants. ↩︎
  11. L’oubli total du monde d’avant, ouais. Allez voter le 30 juin. Et le 07 juillet. Et si vous lisez ce post après, eh bien… c’est une bonne nouvelle, on est toujours vivant.e.s ! ↩︎
  12. l’effroi et la pluie. Putain de changement climatique. ↩︎
  13. Si, si, ça pousse, le sable. Dans les fameux sabliers. Il faut juste un peu de temps. ↩︎
  14. Madmax, the Road, Tchoupi va au supermarché… ↩︎
  15. Vous n’avez pas oublié hein ? le 30 juin ! Et le 07 juillet ! ↩︎
  16. Romain, si tu passes par là : NON. ↩︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *